Île
De l'air ! Oui, de l'air !
Doux disert désir d'exil.
Désert ? Des îles ?
Well, Haïkus
"Le temps devenant brumeux, je fis signal à l'Adventure de se porter à mon arrière ; aussitôt après la brume épaissit tellement, avec de la pluie et du grésil, que nous ne vîmes une île de glace sur laquelle nous naviguions en droite ligne ue lorsque nous en fûmes à moins d'un mille. J'estimai sa hauteur à cinquante pieds et sa circonférence à un demi-mille. Les côtés s'élevaient perpendiculairement au sommet qui était plat et les lames s'y brisaient à une extrême hauteur. Au premier abord, le capitaine Furneaux prit cette glace pour la terre." James Cook, Relations de voyages autour du monde
"Ma grand-mère m’a donné un jardin. Je ne lis pas encore, je ne vais pas à l’école comme les autres. Mon grand-père lit le soir les contes d’Andersen. La journée, je peux rester des heures devant les images du livre. Ma grand-mère est au jardin. La petite sirène a un jardin. Elle ne va pas à l’école non plus. Je veux un jardin. Je demande un jardin. Accordé. Un petit carré.
Ma grand-mère regarde beaucoup son jardin. Regarder fait partie du jardinage. Mon grand-père se promène dans les allées en griffonnant sur des bristols usagés qu’il sort de ses poches. Je croyais qu’il écrivait des mots, des phrases, les histoires sans doute qu’il racontait le soir et dans les moments libres ou en voiture. Or, ces histoires qu’il semblait avoir vécues, j’ai découvert très tard qu’il les avait lues chez Conrad, Melville, Stevenson. Des histoires qu’il aimait trop pour en rester là, pour ne pas les raconter encore. Tout commençait entre Binic et les Sept îles, avec une percée vertigineuse dans les territoires de Guingamp ou de Crozon. San Francisco c’était l’Arcouest, le fleuve Congo s’étirait comme chez lui dans le lit du Trieux. Le canal de Suez, de Panama et de Nantes à Brest ne faisaient qu’un." Mona Thomas, Comment faire une danseuse avec un coquelicot
"Il y a des choses qui ne peuvent arriver que sur une île déserte, et très probablement inconnue puisque déserte et quoique maintenant il soit difficile pour une île de se cacher un point quelconque des Océans quadrillés si mathématiquement labourés par les navires il en restera toujours une pour qu'il puisse y arriver ce qui ne peut arriver que là quitte même à ce qu'elle s'abîme après l'évènement." Pierre-Albert Birot, Grabinoulor
"Cependant l'adversaire de Dieu et de l'homme, Satan, les pensées enflammées des plus hautsparcourt la côte à main droite, quelquefois la côte à main gauche ; tantôt de ses ailes nivelées il rase la surface de l'abîme, tantôt, pointant haut, il prend l'essor vers la convexité ardente. Comme quand au loin, à la mer, une flotte découverte est suspendue dans les nuages ; serrée par les vents de l'équinoxe, elle fait voile du Bengale ou des îles de Ternate et de Tidor, d'où les marchands apportent les épiceries : ceux-ci, sur les vagues commerçantes, à travers le vaste océan Ethiopien jusqu'au Cap, font route vers le pôle, malgré la marée et la nuit : ainsi se montre au loin le vol de l'ennemi ailé.
Enfin, les bornes de l'Enfer s'élèvent jusqu'à l'horrible voûte, et les trois fois triples portes apparaissent : ces portes sont formées de trois lames d'airain, de trois lames de fer, de trois lames de roc de diamant, impénétrables, palissadées d'un feu qui tourne alentour et ne se consume point.
Là devant les portes, de l'un et de l'autre côté, sont assises deux formidables figures : l'une ressemblait jusqu'à la ceinture à une femme et à une femme belle, mais elle finissait sale en replis écailleux, volumineux et vastes, en serpent armé d'un mortel aiguillon. A sa ceinture une meute de chiens de l'Enfer, ne cessant jamais d'aboyer avec de larges gueules de Cerbère, faisait retentir un hideux fracas. Cependant, si quelque chose troublait le bruit de ces dogues, ils pouvaient à volonté rentrer en rampant aux entrailles du monstre, et y faire leur chenil : toutefois, là même encore ils aboyaient et hurlaient sans être vus. Beaucoup moins abhorrés que ceux-ci étaient les chiens qui tourmentaient Scylla, lorsqu'elle se baignait dans la mer par laquelle la Calabre est séparée du rauque rivage de Trinacrie ; un cortège moins laid suit la Sorcière de nuit, quand, appelée en secret, chevauchant dans l'air, elle vient, alléchée par l'odeur du sang d'un enfant, danser avec les sorciers de Laponie, tandis que la lune en travail s'éclipse à leurs enchantements." John Milton, Le paradis perdu