Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
Publicité
Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Diaporama Awad Art
28 avril 2024

Le mistral avait beau souffler, les ailes restaient immobiles


 

 

 

Bien fous sont les pessimistes de crier après le moulin à vent pour l'empêcher de tourner !
Le même vent qui les fait crier continue à faire aller le moulin,
et c'est là le train raisonnable de ce monde.


Lucien Arréat, Réflexions et maximes (1911)

 

Johannes Cornelis Van Hulsteijn

 


Imaginez-vous pour un moment, chers lecteurs, que vous êtes assis devant un pot de vin tout parfumé, et que c’est un vieux joueur de fifre qui vous parle.

 

 

Notre pays, mon bon monsieur, n’a pas toujours été un endroit mort et sans renom, comme il est aujourd’hui.

 

Autre temps, il s’y faisait un grand commerce de meunerie, et, dix lieues à la ronde, les gens des mas nous apportaient leur blé à moudre…

 

Tout autour du village, les collines étaient couvertes de moulins à vent.
De droite et de gauche on ne voyait que des ailes qui viraient au mistral par-dessus les pins, des ribambelles de petits ânes chargés de sacs, montant et dévalant le long des chemins ;

 

et toute la semaine c’était plaisir d’entendre sur la hauteur le bruit des fouets, le craquement de la toile et le Dia hue ! des aides-meuniers…

 

Le dimanche nous allions aux moulins, par bandes.
Là-haut, les meuniers payaient le muscat.
Les meunières étaient belles comme des reines, avec leurs fichus de dentelles et leurs croix d’or.
Moi, j’apportais mon fifre, et jusqu’à la noire nuit on dansait des farandoles.
Ces moulins-là, voyez-vous, faisaient la joie et la richesse de notre pays.

 

Alexander Jose - Windmill near the river

 

 


Malheureusement, des Français de Paris eurent l’idée d’établir une minoterie à vapeur, sur la route de Tarascon.

 

Tout beau, tout nouveau !

 

Les gens prirent l’habitude d’envoyer leurs blés aux minotiers, et les pauvres moulins à vent restèrent sans ouvrage.


 Pendant quelque temps ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la plus forte, et l’un après l’autre, pécaïre !

ils furent tous obligés de fermer…

 

On ne vit plus venir les petits ânes…
Les belles meunières vendirent leurs croix d’or…
Plus de muscat ! plus de farandole !…

 

Le mistral avait beau souffler, les ailes restaient immobiles…

 

Puis, un beau jour, la commune fit jeter toutes ces masures à bas, et l’on sema à leur place de la vigne et des oliviers.


 

Pierre-Auguste Renoir - Moulin sur la colline de Montmartre

 

 


[...] Puis, un matin, maître Cornille mourut, et les ailes de notre dernier moulin cessèrent de virer, pour toujours cette fois…


Cornille mort, personne ne prit sa suite.

 

Que voulez-vous, monsieur !…
tout a une fin en ce monde, et il faut croire que le temps des moulins à vent était passé comme celui des coches sur le Rhône,
des parlements et des jaquettes à grandes fleurs.


Alphonse Daudet - Lettres de mon moulin (Le secret de maître Cornille)  Alphonse Daudet (1887)

 

Emile Noirot - Le Moulin

 


Je t’aimerai toujours chantait mon amoureuse
et le vent tournoyait autour des jupons clairs
et la mer se levait dans un grand souffle d’ailes
et les moulins soumis tendaient leurs toiles bleues
le ciel se déversait sur les toits éblouis
le polder était jaune et la mer était verte

 

elle allait répétant je t’aimerai toujours
le vent chassait le sable au cœur des rues désertes
et la mer arrachait les digues de la nuit
il n’y a que les morts qu’on peut aimer toujours

 

Jean-Claude Pirotte, Je t’aimerai toujours chantait mon amoureus - (Passage des ombres)

 

 

 

Le destin
est un moulin
sans ailes
où chacun
vient y moudre
son sempiternel
quotidien

 

©   Well - Moulin avant, éméchè après

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le Bal du Moulin Rouge


Les deux fondateurs, les hommes d’affaires Joseph Oller et Charles Zidler, étaient toujours à l’écoute de ce qui pouvait plaire au public.

 

En 1889, ils installent leur bal au pied de la butte Montmartre dans des jardins et sur les ruines d’un ancien bal mal famé, La Reine-Blanche [La Mure, 1950 : 24].


Ils sont à proximité de l’ancienne barrière devenue entre-temps place Blanche. Ce nouvel endroit va cristalliser à lui seul tous les fantasmes engendrés par le territoire depuis une vingtaine d’années.

 

L’appellation « Bal du Moulin Rouge » fait référence à la mythologie du Moulin de la Galette :
lors du siège de Paris par l’armée impériale russe en 1814, un des ancêtres de la famille Debray aurait été abattu puis découpé et accroché aux ailes du moulin.
Le rouge rappelle donc le sanglant épisode.

 

 

Mais l’objectif des deux hommes est de pousser les plus aisés à se déplacer dans ce quartier parisien à la réputation sulfureuse et d’encourager le brassage social.


Ils jouent sur l’extravagance – le jardin est agrémenté d’un gigantesque éléphant, vestige de l’Exposition universelle de 1867 –


et construisent une salle originale qui permet de rapides changements de décors.
Les danses proposées sont toutes issues du quadrille, d’abord le chahut puis le french cancan.


Les danseuses qu’ils sont allés chercher à l’Élysée Montmartre connaissent un succès immédiat.
Surnommé également « Palais de la Femme », le Bal du Moulin Rouge est construit sur un des espaces de la commune
 où il n’y a jamais eu de moulin, et celui qui surplombe le toit du bal est d’ores et déjà symbolique.

 

Il puise sa légitimité dans le passé du quartier montmartrois et l’avènement du Paris moderne et des loisirs.
Premier lieu à être illuminé la nuit, le détonant mélange des symboles chromatiques (rouge et blanc), la fréquentation d’un public constitué de peintres et d’artistes,
mais aussi de bourgeois venus s’encanailler dans ce quartier populaire, vont achever d’installer la légende démarrée au Moulin de la Galette.

 


Sylvie Perault, Ça c'est Paris ! Le Bal du Moulin Rouge et ses girls

 

 

 

 

 


Vingt jambes en l’air.

 

La pesanteur est envoyée par-dessus les moulins.
En lames successives, les femmes s’écartèlent sur la piste,
offrant leur sexe aux forces obscures de la terre.

 

Quand elles rebondissent, c’est pour retrouver les ailes perdues.
Ainsi, disputées entre deux éléments,
les danseuses miment la lutte du corps et de l’esprit.

 

Henry-Jacques, Moulin Rouge (1925)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Si j'en crois le titre du billet, pour les ailes du Moulin Rouge ç'a été mistral gagnant (mais cela restera peut-être pour toujours le secret de maître Cornille). ;-)
Répondre
W
C'était chouette chez Lorette :<br /> <br /> <br /> Les boules de coco<br /> <br /> et le Mistral Gagnant à dix centimes<br /> <br /> <br /> https://www.generation-souvenirs.com/blog/le-bonbon-mistral-gagnant-une-douceur-de-l-enfance-n487
Publicité