Eternel
"Simplement être,
là, juste là, maintenant.
Voilà l'éternel !"
Well, Haïkus...
"Les innombrables êtres de l'univers vivent et meurent tour à tour, conscients pour certains, inconscients pour d'autres, mais tous courent après la longévité ou l'éternité, vœux dérisoires. En réalité, tout être est éternel, pour peu qu'il ait existé dans ce monde, ne fût-ce qu'une seconde, car cette seconde même contient l'éternité. Je n'ai donc aucune intention de partir en quête d'une éternité illusoire et floue : elle est déjà là, dans ma vie." Zhang Xianliang, La moitié de l'homme c'est la femme
"L'éternel masculin et l'éternel féminin sont, pour une large part,
l'oeuvre des contingences sociales, et rien n'est plus malaisé que de
démêler, dans l'empreinte sexuelle, ce qui appartient en propre à
l'animal masculin et à l'animal féminin." Jean Rostand, l'Homme
"C'était une rivière du pays des merveilles, le vide d'une éternité dorée, faite d'odeur de mousse, d'écorce, de branches, de terre; de mystérieuses visions ululantes se dressaient devant mes yeux, tranquilles pourtant et éternelles; les arbres faisaient une chevelure aux collines et les rayons de soleil dansaient. Quand je regardais en l'air, les nuages prenaient des visages d'ermites - comme moi. Les branches de pins semblaient heureuses de tremper dans le courant. Les cimes des arbres se perdaient dans le brouillard. Les feuilles s'agitaient dans la brise du nord-ouest comme si elles avaient été crées pour leur propre joie. Les neiges les plus hautes, à l'horizon, semblaient vierges, berceuses et chaudes. Tout était éternel, détendu et vivant; tout était au-delà de la vérité, au-delà de l'espace vide et bleu."
Jack Kerouac, Les clochards célestes
"Il arrivera dans le vacarme et le fracas et le tumulte. Il arrivera en
hurlant et en riant et en criant et en gémissant. Il arrivera Si vite que tu lui
tendras les bras malgré toi pour l'enlacer. Tu le sentiras arriver et tu te
tendras pour le recevoir et la terre qui sera ta couche éternelle tremblera lors
de vos noces.
Silence.
Qu'est-ce que c'est qu'est-ce que c'est oh mon Dieu un homme
peut-il descendre plus bas un homme peut-il être réduit à moins?
La
lassitude et l'épuisement haletant et convulsif. Toute vie disparue toute vie
gâchée et réduite à rien à moins que rien au seul germe de rien. Une sorte d'écœurement qui vient de la honte. Une faiblesse qui ressemble à la mort la
faiblesse et le néant et une prière. Mon Dieu accordez-moi le repos emportez-moi
cachez-moi laissez-moi mourir oh mon Dieu je suis déjà si las dans un état déjà
si voisin de la mort déjà trépassé et encore vivant oh mon Dieu cachez-moi et
accordez-moi la paix."
Dalton Trumbo - Johnny got his gun
"A partir d'Irkoutsk le voyage devint beaucoup
trop lent
beaucoup trop long
Nous étions dans le premier train qui
contournait le lac Baïkal
On avait orné la locomotive de drapeaux et de
lampions
Et nous avions quitté la gare aux accents tristes de l'hymne au
Tzar
Si j'étais peintre, je déverserais beaucoup de rouge, beaucoup de jaune
sur la fin de ce voyage
Car je crois bien que nous étions tous un peu
fou
Et qu'un délire immense ensanglantait les faces énervées de mes
compagnons de voyage
Comme nous approchions de la Mongolie
Qui ronflait
comme un incendie
Le train avait ralenti son allure
Et je percevais dans
le grincement perpétuel des roues
Les accents fous et les sanglots
d'une
éternelle liturgie."
Blaise Cendrars, Prose du transsibérien
Ce qui est terne est dur, mais ce qui dure est éternel...
Heureuse semaine