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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
9 avril 2020

Issue

   

  

C'est impossible, dit la Fierté.
C'est risqué, dit L'Expérience.
C'est sans issue, dit la Raison.
Essayons, murmure le Cœur.

William Arthur Ward

black_steel_by_artofdanphotography

Dès que je prends la plume,
il se fait dans mon cerveau un bourdonnement et un bruissement d’ailes,
comme si l’on y lâchait des multitudes de hannetons.
Cela se cogne aux parois de mon crâne, et tourne, et descend, et monte avec un tapage horrible ;
ce sont mes pensées qui veulent s’envoler et qui cherchent une issue ;
– toutes s’efforcent de sortir à la fois ; plus d’une s’y casse les pattes et y déchire le crêpe de son aile :
quelquefois la porte est tellement obstruée que pas une ne peut en franchir le seuil et arriver jusque sur le papier.

Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin 

storage_by_artofdanphotographY

Étonnante la virtuosité de l’âme humaine à fabriquer ses cauchemars !

Ainsi : je m’apprête à sortir normalement du métro ; mais là où se trouvait, hier encore, l’issue de ma station habituelle, se dresse un mur. Surpris, je me dirige vers l’autre sortie : murée aussi. Agacé par le mauvais tour des événements, et déjà vaguement inquiet, je retourne sur le quai dans l’espoir de gagner la station suivante. Là, nouvelle déconvenue : les quatre issues bien connues de moi ont subi la même transformation. J’ai d’ailleurs tout loisir d’assister aux finitions : une main experte, de l’autre côté de la paroi, pousse le dernier moellon dans son logement. Quelques coups de marteau pour l’ajustement… Puis silence. Naturellement, l’inquiétude grandit. Remarquons cependant qu’à l’occasion de cette dernière vérification, j’occupe les deux positions à la fois, celle du voyageur et celle du maçon : la main experte est aussi la mienne. Comme si, pour que l’horreur fût bien labourée, devait s’y enfoncer la conscience de celui par qui elle advient. Nulle part, en revanche, n’apparaissent les motifs de l’emmurement. La question ne se pose même pas. Un homme, qui est moi, mure les galeries du métro pour le malheur d’un autre, qui est moi aussi. Voilà le cauchemar en place. Ne reste plus qu’à en dérouler le fil.

Et puisqu’il s’agit clairement d’une lutte entre deux instances personnelles diversement intentionnées, il importera de jouer au plus fin ; d’exercer son jugement avec la plus grande acuité. Notons que le malin, dans cette histoire, est aussi le condamné.

Je songe donc (car seul le condamné fait preuve de réflexion ; seul il forme des projets, se lance dans l’avenir, invente…
l’autre opère comme en sommeil).
[...]

lost_by_artofdanphotography

Le cauchemar franchit un nouveau pas dans l’intensité lorsque je découvre que les rames ne s’arrêtent plus aux stations aériennes. Personne ne paraît d’ailleurs surpris. On distingue bien quelques voyageurs désœuvrés sur les quais, mais ils ne prêtent guère attention au passage de notre convoi. Cette question de la communauté est d’ailleurs obscure. Je ne suis pas seul à voyager. Mais « ils » ont l’air si bien informés de la nouvelle situation qu’aucun d’entre eux ne semble chercher à sortir des galeries. Serais-je donc le dernier à ne pas savoir ? Une information essentielle, une connaissance suffisamment considérable pour rendre acceptable la clôture du terrier m’aurait-elle été cachée ? D’ailleurs notre train marque de plus en plus rarement l’arrêt. S’il le fait, c’est à une station enfouie, secondaire, une station décourageante. Chaque fois, bien sûr, je tente quand même de gagner la sortie. Chaque fois, l’affreuse vérité se consolide : on a muré la totalité du réseau souterrain. Une entreprise d’une efficacité exceptionnelle, accomplie en une seule nuit (et là, je vois « l’autre » qui s’affaire, courant partout, truelle en main, élevant sa muraille à la hâte : expert, comme je l’ai dit, perfectionniste…
Je pense qu’en cet instant, « il » pense à moi).

Mais de là où je suis – je veux dire du sous-sol où je divague – j’entends bien distinctement vos voix qui murmurent : « Ces hommes, ces femmes, cet échantillon d’humanité qui voyagent près de nous, pourquoi ne pas les interroger ». Il importe ici de comprendre exactement mon état mental. D’abord, je ne peux pas encore me représenter mon enfermement comme absolu et définitif. L’étendu du réseau est telle que toujours demeure l’espoir de trouver quelque part une issue.

Christian Doumet, Écrire dans le désert du rêve 

William Ye

Il y a peu d'issues
pour ceux qui ne sont d'ici
ni de solution

©   Well, À moins que...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
L
cauchemardesque à souhait !!!
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