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Diaporama Awad Art
17 mai 2019

Émotion


Je montrerais tout.
Mon cœur, mes émotions.
Vert - rouge - jaune - bleu - violet.
Haine - amour - rire - peur - tendresse.

Niki de Saint Phalle

Emotion

Les 6 dimensions de l’émotion

Êtes-vous doué pour comprendre instantanément autrui ? Ou du genre à ne jamais savoir comment réagir ?
Voyez-vous le verre à moitié plein ou à moitié vide ?
Ces tendances psychoaffectives se voient dans le cerveau, et elles conditionnent bien des aspects de notre quotidien. 

Lisa a un talent hors pair pour « sentir » les gens.
Elle attendra toujours le moment opportun pour aborder une question, détectant par exemple si son interlocuteur est trop énervé pour discuter. Lisa a ce qu’on appelle une forte « intuition sociale ». Et d’après de récentes recherches, ce serait dû à une configuration particulière de son cerveau, qui forme ce qu’on appelle son « style émotionnel ». D’autres sont doués pour surmonter les épreuves (on parle alors de style « résilient »), d’autres encore pour savoir ce qu’ils ressentent (c’est le style « conscience de soi »). Mais pour être plus exact, chaque personne n’est pas « résiliente », « intuitive » ou « consciente d’elle-même »... mais un mélange de ces six caractéristiques.
C’est ce que révèlent les travaux de Richard Davidson, spécialiste des émotions et de la façon dont elles s’enracinent dans notre cerveau.

Selon lui, le style émotionnel comporte six dimensions : la résilience, l’intuition sociale et la conscience de soi, donc, mais aussi la perspective (la tendance à éprouver des émotions positives ou négatives), la sensibilité au contexte et l’attention . Chacune est un continuum, qui varie entre deux pôles – par exemple les pôles « lent à récupérer » et « rapide à récupérer » pour la résilience. Votre positionnement sur ces six dimensions traduit votre façon de voir le monde et d’y réagir. En ce sens, le style se conçoit un peu comme la palette d’un peintre : il comprend une combinaison de couleurs qui vous est propre, et qui conditionne la teinte que prendront vos journées.

Davidson est loin d’être le premier à proposer un modèle scientifique pour décrire les principaux traits qui nous caractérisent. Mais jusqu’à présent ceux-ci avaient été construits à partir de l’analyse du comportement, en observant comment les gens réagissent dans différentes situations, puis en dressant une classification systématique de ces façons de réagir.

Là où le modèle de Davidson est profondément original et intéressant, c’est qu’il part du fonctionnement intime de notre cerveau. Le chercheur américain s’est en effet fondé sur des dizaines d’années de recherches en neurosciences affectives. Les dimensions qu’il a identifiées sont toutes sous-tendues par un circuit cérébral particulier et correspondraient donc aux « briques neurophysiologiques » de ce que nous sommes. Autrement dit, elles traduiraient plus fidèlement notre fonctionnement biologique que les traits de personnalité des modèles classiques.

Ce que disent vos battements de cils

Ainsi, c’est après avoir constaté que l’activité cérébrale diffère chez les gens qui surmontent plus ou moins vite une épreuve que Davidson a proposé la dimension de résilience. Dans une expérience de laboratoire, il a induit une émotion désagréable chez les participants en leur montrant des images insoutenables, comme une photographie d’un bébé ayant une tumeur à l’œil. Puis il a mesuré la vitesse à laquelle ils se remettaient de cette émotion grâce à une astuce expérimentale : la mesure du « réflexe de sursaut acoustique ».

Pour mesurer ce réflexe, on fait entendre à une personne un léger son inattendu, et cela provoque un battement de paupière par effet de surprise. Or, le point intéressant est que ce battement est d’autant plus fort que le sujet se trouve dans un état émotionnel négatif (peur, angoisse, colère, tristesse...). En mesurant les variations d’intensité de la contraction musculaire, on peut donc connaître l’évolution du ressenti intime de la personne. C’est ainsi qu’a procédé Davidson : de légers sons étaient émis à côté des participants et des capteurs mesuraient la contraction de leurs paupières, tandis que d’autres, posés sur leur crâne, scrutaient l’activité de leur cerveau.

Les résultats ont montré que les personnes qui se remettent plus vite d’une émotion désagréable – autrement dit qui sont les plus résilientes – ont une activité plus importante dans le cortex préfrontal gauche. Or cette région a une caractéristique bien particulière : elle tisse des connexions à travers tout le cerveau et est capable d’inhiber ou de stimuler de nombreuses autres zones. Plus tard, d’autres expériences ont révélé qu’elle est connectée plus fortement à l’amygdale, une région profonde associée à la peur et aux émotions négatives, chez les personnes très résilientes. Ces personnes se remettent donc vite d’une émotion désagréable car leur cortex préfrontal gauche, très actif et très connecté à l’amygdale, parvient à apaiser rapidement cette dernière région.

Dans le cerveau des patients dépressifs

C’est en croisant ce type d’expérience de laboratoire avec des données sur certaines pathologies psychiatriques ou neurodéveloppementales que Davidson a découvert plusieurs autres dimensions du style émotionnel. Il a par exemple identifié le circuit cérébral à l’origine de notre capacité à éprouver des émotions positives (dimension de « perspective ») en se penchant sur le cas de personnes chez qui cette capacité est particulièrement affaiblie : les patients dépressifs. Dans une expérience, il a montré à quelques-uns d’entre eux des vidéos censées inspirer des émotions positives : on y voyait par exemple des enfants qui jouent ou des adultes savourant un bon repas. Les participants devaient en outre essayer de faire durer l’émotion éprouvée à l’aide de certaines techniques, comme s’imaginer soi-même dans la situation visionnée. En parallèle, leur activité cérébrale était mesurée grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).

Le chercheur a alors observé une anomalie dans l’activation du noyau accumbens, un centre cérébral de la motivation et du plaisir : ce noyau s’activait autant que celui des participants « sains » lors du visionnage des scènes, mais il s’éteignait beaucoup plus vite ensuite. Or c’est le cortex préfrontal qui assure normalement le maintien de cette activité. Les dépressifs sont donc capables d’éprouver des émotions positives, mais celles-ci s’évanouissent aussitôt. En cause : un noyau accumbens qui s’active de façon trop fugace, car étant insuffisamment connecté au cortex préfrontal. Ces zones seraient alors plus ou moins actives et plus ou moins connectées selon les individus, ce qui se traduirait par une plus ou moins grande capacité à éprouver durablement des émotions positives.

Les 6 dimensions de l’émotion

Un profil à 6 facettes

RÉSILIENCE

- Zones du cerveau impliquées : cortex préfrontal - amygdale

La résilience correspond à la faculté de surmonter les difficultés. Plus elle est importante, plus on se remet vite de ses émotions négatives, que celles-ci soient provoquées par des événements anodins (la gêne éprouvée après avoir renversé son verre lors d’un dîner) ou dramatiques (un deuil). Cette faculté repose sur le cortex préfrontal gauche, capable d’inhiber l’activité d’autres zones du cerveau, en particulier celle de l’amygdale, impliquée dans la genèse des émotions négatives. Plus il est actif et connecté à cette zone, plus vite il est capable de l’inhiber, et plus la résilience est élevée.

CONSCIENCE DE SOI

- Zones du cerveau impliquées : insula - cortex somatosensoriel

La conscience de soi désigne la capacité à détecter ses propres ressentis et émotions. Cette capacité repose sur l’activité de deux zones : l’insula et le cortex somatosensoriel, qui collectent et analysent les informations en provenance du corps. Ces deux zones sont plus actives chez les personnes dotées d’un haut niveau de conscience de soi. Celles-ci savent identifier un état de tension interne, par exemple lorsqu’elles sont bloquées dans le trafic ou en difficulté avant une échéance professionnelle.

INTUITION SOCIALE

- Zones du cerveau impliquées : amygdale - gyrus fusiforme

Il s’agit par exemple de la facilité à percevoir qu’un ami préférerait changer de sujet ou qu’il n’a pas le temps de discuter avec vous, sans qu’il ait besoin de vous le dire. Bref, de la capacité à détecter les signaux envoyés par les autres. L’intuition sociale dépend du gyrus fusiforme, qui « déchiffre » les visages, et de l’amygdale, un centre cérébral des émotions négatives. Elle est d’autant plus élevée que l’activité du gyrus fusiforme est importante et que celle de l’amygdale est faible – condition sine qua non pour que le contact des autres ne soit pas trop angoissant.

SENSIBILITÉ AU CONTEXTE

- Zones du cerveau impliquées : cortex préfrontal - hippocampe

La sensibilité au contexte est la faculté de réagir de façon appropriée aux circonstances et à l’environnement, par exemple en évitant de parler trop fort au restaurant ou de pianoter sur son portable pendant une cérémonie de mariage. C’est l’hippocampe qui va rechercher en mémoire les informations associées au contexte. Le cortex préfrontal effectue quant à lui un travail d’analyse, de tri et de jugement des actions possibles. Plus ces deux régions sont actives et connectées, plus la sensibilité au contexte est élevée.

PERSPECTIVE

- Zones du cerveau impliquées : cortex préfrontal - noyau accumbens

C’est la propension à vivre les événements qui surviennent de façon positive ou négative. Les personnes trop positives ont tendance à nier les problèmes. À l’inverse, celles qui sont trop négatives ont une humeur constamment sombre et une vulnérabilité aux addictions, causée par le besoin de trouver de nouvelles sources de plaisir. Cette dimension repose sur le noyau accumbens et le cortex préfrontal : plus ces régions sont actives et connectées, plus l’on éprouve durablement des émotions positives. En effet, le noyau accumbens est un centre cérébral du plaisir et de la motivation, et le cortex préfrontal est capable de prolonger ses périodes d’activité.

ATTENTION

- Zone du cerveau impliquée : cortex préfrontal

Les personnes disposant de ressources attentionnelles importantes parviennent à se concentrer sur ce qu’elles veulent, là où d’autres se laissent sans cesse distraire, en particulier par les stimuli chargés d’émotions. Cette faculté dépend en quelque sorte de la « souplesse » du cortex préfrontal. C’est en effet cette zone qui renforce les signaux pertinents pour la tâche en cours et inhibe les autres. Elle y parviendrait notamment en « calant » son activité sur certaines caractéristiques de l’objet d’attention.

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L’idée de la dimension de l’intuition sociale est quant à elle venue de l’observation de personnes autistes. Ces personnes peinent à deviner les émotions des autres et à comprendre le langage non verbal. Davidson a montré que lorsqu’on leur présente des portraits d’autres personnes, elles ont une activité anormalement faible dans une région cérébrale nommée gyrus fusiforme, qui s’occupe notamment d’analyser les visages. Or c’est précisément de ce déchiffrage que nous tirons l’essentiel des informations sur l’état émotionnel des autres : sourient-ils ? Écarquillent-ils les yeux d’étonnement ? Ont-ils le regard triste ? Nous le savons grâce au gyrus fusiforme.

Une autre zone cérébrale est au contraire hyperactive chez les personnes autistes, mais seulement lorsqu’elles regardent les portraits dans les yeux : l’amygdale. Ces personnes ressentent alors un fort sentiment d’angoisse et d’inconfort dans ces moments-là. En conséquence, elles évitent de fixer les autres dans les yeux, ce qui les prive d’une mine d’informations sur leur état émotionnel. Ces observations, combinées à d’autres expériences, ont amené Davidson à penser qu’un circuit cérébral particulier sous-tend notre capacité à détecter les émotions des autres : plus le gyrus fusiforme est actif et l’amygdale apaisée, plus nous déchiffrons leurs expressions avec facilité et spontanéité, éprouvant peu d’angoisse à leur contact. En d’autres termes, plus nous avons d’intuition sociale.

Savez-vous résister au regard d’un chaton ?

En synthétisant de la sorte des dizaines d’années de recherche sur des personnes aux vécus émotionnels variés, et parfois pathologiques, Davidson a identifié toutes les dimensions du style émotionnel. Aux trois que nous venons de décrire s’ajoutent la conscience de soi, la sensibilité au contexte et l’attention . L’intégration de cette dernière faculté au style émotionnel peut sembler paradoxale : on a plutôt l’habitude de la considérer comme une composante cognitive. Davidson a fait ce choix parce que les éléments extérieurs sont d’autant plus distrayants qu’ils sont empreints d’émotions. Si votre capacité d’attention est faible, le moindre enfant qui pleure ou le moindre chaton posant sur vous ses grands yeux interrompt votre activité et vous plonge dans un abîme de tristesse ou de ravissement. C’est donc bien une composante essentielle de notre façon de réagir émotionnellement au monde qui nous entoure.

Le cortex préfrontal joue un rôle central dans le style émotionnel et son activité varie d’un facteur 30 entre les individus.
Pas étonnant que nous soyons si différents...

Une autre conclusion majeure de toutes ces recherches est que le cortex préfrontal est un acteur clé du style émotionnel, participant à la majorité de ses dimensions. Or Davidson a constaté que son activité pouvait varier d’un facteur trente d’un individu à l’autre.
Pas étonnant que nous soyons si différents !

Pour évaluer son style émotionnel sans recourir au lourd appareillage des laboratoires, quelques questionnaires simples permettent de se situer , constituant le premier pas vers l’acceptation de soi ou la remise en question. Lorsqu’on est mal à l’aise avec certaines de ses caractéristiques psychologiques – quand on s’estime trop fragile, trop maladroit, trop distrait... –, on peut trouver une certaine consolation à en identifier l’origine et à comprendre qu’elles viennent de particularités cérébrales bien précises. Cette nouvelle connaissance de soi aide en outre à se poser les bonnes questions. Qu’est-ce qui me rend heureux ? Quel travail me correspond ? Dois-je changer certaines choses ?

Trouver ce qui nous convient

Si vous êtes par exemple peu résilient et plutôt négatif sur la dimension de la perspective – ce qui s’accompagne souvent d’un certain manque d’énergie –, mieux vaut éviter les métiers où l’on est constamment sous pression. De même, si vous manquez cruellement d’intuition sociale, réfléchissez-y à deux fois avant de postuler pour un poste de commercial.

De façon générale, mieux se connaître aide à trouver l’environnement de vie le plus adapté. Attention toutefois à ne pas tomber dans ce qu’on appelle « l’évitement émotionnel ». Lorsqu’on se sait peu résilient et qu’on peine à reprendre ses esprits après une remarque désobligeante de son patron, se barricader dans le premier bureau venu chaque fois que celui-ci apparaît au bout du couloir n’est peut-être pas la solution idéale. De nombreuses recherches ont montré qu’éviter de se confronter à ses peurs et ses difficultés émotionnelles les entretient, voire les aggrave.

Et puis, libre à chacun de changer. Dans l’absolu, il n’y a pas de « style idéal » et chaque position sur une dimension a ses avantages et ses inconvénients. Quelqu’un de très résilient, par exemple, supporte bien les épreuves, mais comme il ne se sent jamais vraiment mal après un échec, il risque d’y devenir indifférent et de perdre la motivation de réussir. Une faible sensibilité au contexte entraîne vite une réputation de malotru, mais quand elle est trop forte, le risque est de perdre en authenticité, en s’adaptant en permanence à la situation, ou de se laisser paralyser par la recherche du comportement idéal, par exemple à un dîner professionnel ou chez sa belle-famille. Et si le fait d’être constamment bougon apparaît a priori peu enviable, certaines personnes sont parfaitement satisfaites de cet état d’esprit, considérant toute forme d’optimisme comme une preuve de naïveté désespérante ! C’est donc votre ressenti, positif ou négatif, qui doit vous guider : à vous de voir ce que vous souhaitez être...

Modeler son propre cerveau

Ce n’est pas parce que votre style émotionnel est sous-tendu par des circuits neuronaux qu’il est figé et définitif. Le cerveau est plastique, malléable, et susceptible de se réorganiser à tout âge de la vie.
Davidson propose alors différentes formes d’entraînement mental pour modeler son propre cerveau .

C’est pourquoi chacun dispose d’une marge de manœuvre pour peindre la toile de ses journées. Au fond, l’enjeu des styles émotionnels est le même que celui de l’étude de la personnalité ou de disciplines comme la psychologie positive : mieux se comprendre, afin de favoriser son épanouissement et son adaptation au contexte de vie. Mais aux outils développés par ces champs d’étude, ce cadre conceptuel ajoute la puissance des neurosciences. Depuis son développement dans les années 1990, l’IRM fonctionnelle a notamment apporté une quantité d’informations considérable. Les travaux sur la neuroplasticité seront aussi précieux pour déterminer dans quelle proportion nous sommes capables de changer. En cela, les styles émotionnels ouvrent un champ de recherche extrêmement prometteur.

Maëlle Kahan et Ilios Kotsou, Les 6 dimensions de l’émotion  (mai 2019)

Fallen Angell Tyler Shields

- Il y a un chat
écrasé sur la route
- Non c'est un bébé !

Well, Et qui va encore aller le ramasser ?   © 

 

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Commentaires
W
Bravo. J'en aurai d'autres. <br /> <br /> Article qui demande beaucoup d'attention. <br /> <br /> Si l'hippocampe est suractivé c'est que tu y a été sensibilisé. <br /> <br /> Par contre, ce qui est particulièrement inquiétant c'est que la psychiatrie d'aujourd'hui considère que chaque trouble mental est induit par un défaut d'un de ces neurotransmetteurs ; et donc médication abusive... <br /> <br /> Alors avant tout séjour en unité psychiatrique il est conseillé de se munir d'un indien et d'un lavabo (voir vol au-dessus d'un nid de coucou). <br /> <br /> Sinon c'est perpète ou l'oreiller...
Répondre
J
J'ai tout lu (mais si), compris un peu, et juste un poil mal à la tête, là, juste derrière l'hippocampe.<br /> <br /> Plus sérieusement, c'est tout à fait intéressant.
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