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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
15 novembre 2013

Chandelle

Brusquement, dans la nuit qui augmente, Charlot balbutie des paroles entrecoupées :
« Maman… maman… »
La mère s’approche, reçoit au visage un souffle fort. Et elle n’entend plus rien ; elle distingue vaguement l’enfant, la tête renversée, le cou raidi. Elle crie, affolée, suppliante :
«  De la lumière ! Vite, de la lumière !… Mon Charlot, parle-moi ! »
Il n’y a plus de chandelle. Dans sa hâte, elle frotte des allumettes, les casse entre ses doigts. Puis, de ses mains tremblantes, elle tâte le visage de l’enfant.
« Ah! Mon Dieu ! Il est mort !… Dis donc, Morisseau, il est mort ! »
Le père lève la tête, aveuglé par les ténèbres.
«  Eh bien ! Que veux-tu ? Il est mort… Ça vaut mieux. »
Aux sanglots de la mère, Mme Bonnet s’est décidée à paraître avec sa lampe. Alors, comme les deux femmes arrangent proprement Charlot, on frappe : ce sont les secours qui arrivent, dix francs, des bons de pain et de viande. Morisseau rit d’un air imbécile, en disant qu’ils manquent toujours le train, au bureau de bienfaisance.
Et quel pauvre cadavre d’enfant, maigre, léger comme une plume ! On aurait couché sur le matelas un moineau tué par la neige et ramassé dans la rue, qu’il ne ferait pas un tas plus petit.
Pourtant, Mme Bonnet, qui est redevenue très obligeante, explique que ça ne ressuscitera pas Charlot, de jeûner à côté de lui. Elle offre d’aller chercher du pain et de la viande, en ajoutant qu’elle rapportera aussi de la chandelle. Ils la laissent faire. Quand elle rentre, elle met la table, sert des saucisses toutes chaudes. Et les Morisseau, affamés, mangent gloutonnement près du mort, dont on aperçoit dans l’ombre la petite figure blanche. Le poêle ronfle, on est très bien. Par moments, les yeux de la mère se mouillent. De grosses larmes tombent sur son pain.
Comme Charlot aurait chaud ! Comme il mangerait volontiers de la saucisse !
Émile Zola, Comment on meurtCandle_Nude_series_03_by_Valances_Irons

zzz
zz
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Well, Lumignon
Texte retiré par l'auteur (estimé trop dérangeant pour le lecteur)

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