Danse macabre
Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres,
Et son crâne, de fleurs artistement coiffé,
Oscille mollement sur ses frêles vertèbres.
Ô charme d'un néant follement attifé.
Aucuns t'appelleront une caricature,
Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair,
L'élégance sans nom de l'humaine armature.
Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher !
Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace,
La fête de la Vie ? ou quelque vieux désir,
Éperonnant encor ta vivante carcasse,
Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir ?
Au chant des violons, aux flammes des bougies,
Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur,
Et viens-tu demander au torrent des orgies
De rafraîchir l'enfer allumé dans ton coeur ?
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857), XCVII - Danse macabre
Ô, je veux danser comme jamais n’ai dansé !
Que Dieu ne soit point
en moi
comme esclave en prison — enchaîné.
Terre, donne-moi des ailes
et je serai flèche fendant
l’infini,
autour de moi ne verrai plus que le ciel,
ciel au-dessus,
et au-dessous ciel —
et flambant dans des flots de lumière
je danserai
traversé d’élans fulgurants
afin que Dieu respire en moi librement
et que cesse sa plainte :
« Je suis un esclave en prison ! »
Lucian Blaga, Je veux danser !
A vouloir danser avec la Mort
La grande Faucheuse a trébuché
tel un impitoyable oxymore
Sur le Spectre de l'Immortalité
© Well, L'habitude fait les faux amis comme l'occasion défait les amants de la Faux
(d'après Paul Léautaud)