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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
7 janvier 2022

Faim

 

 

C’était au temps où j’errais, la faim au ventre, dans Christiana,
cette ville singulière que nul ne quitte avant qu’elle lui ait imprimé sa marque...
Je suis couché dans ma mansarde, éveillé, et j’entends au-dessous de moi une pendule sonner six heures.
Il faisait déjà grand jour et les gens commençaient à circuler dans l’escalier.
Là-bas, près de la porte, ma chambre était tapissée avec de vieux numéros du Morgenbladet.
Je pouvais y voir distinctement un AVIS du directeur des Phares et, un peu à gauche, grasse et rebondie, une annonce de pain frais, de Fabian Olsen, boulanger.
Aussitôt j’ouvris les yeux tout grands et, suivant une vieille habitude, je me mis à réfléchir, cherchant si j’avais aujourd’hui quelque sujet de me réjouir. J’avais été un peu serré dans les derniers temps ; l’un après l’autre, mes effets avaient pris le chemin de « Ma tante »,
j’étais devenu nerveux et susceptible ; à deux ou trois reprises aussi j’étais resté au lit toute la journée, à cause de vertiges. De temps en temps, quand la chance me souriait, je pouvais à la rigueur toucher cinq couronnes pour un feuilleton dans un journal ou l’autre.

don-mucullin-3

[...] Pas de soleil aujourd’hui non plus, et je grelottais comme un chien.
Mes jambes étaient mortes et mes yeux pleuraient comme s’ils ne pouvaient supporter la lumière.
Il était trois heures. La faim commençait à devenir un peu terrible. J’étais exténué, et j’avais des nausées. Tout en marchant je vomissais de temps à autre à la dérobée. Je descendis au restaurant populaire, lus le menu et haussai
ostensiblement les épaules, comme si le petit salé et le lard fumé n’étaient pas du manger pour moi. De là je descendis à la place du Chemin-de-Fer.
Un singulier étourdissement me traversa soudain. Je continuai, sans vouloir y prêter attention, mais cela allait de mal en pis et finalement je fus forcé de m’asseoir sur un perron. Toute mon âme subissait une transformation, comme si au fond de mon être un rideau s’était écarté, comme si un tissu s’était déchiré dans mon cerveau. Je fis quelques aspirations profondes et demeurai là frappé
d’étonnement. Je n’avais pas perdu conscience, je sentais distinctement la petite douleur à mon oreille – la blessure d’hier – et, quand passa quelqu’un de mes relations, je le reconnus aussitôt, me levai et saluai.
Quelle était cette nouvelle sensation, cette nouvelle torture qui venait s’ajouter à toutes les autres ? Était-ce une suite de la nuit passée sur la terre humide ? Ou bien cela venait-il de ce que je n’avais pas encore déjeuné ?
D’une manière générale, c’était simplement absurde de vivre ainsi.

 Knut Hamsun (1859-1952), La faim
Lauréat du prix Nobel de littérature en 1920

Œuvre complète


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Il est cependant un domaine où le plaisir et la joie se confondent indissolublement,
 c'est la sexualité, et c'est ce qui la rend incomparable.
Car le désir sexuel est une faim de l'autre, et ressemble par bien des côtés à une pulsion cannibalesque.
Le goût violent de la chair d'autrui, de son odeur, des humeurs qu'elle sécrète a un aspect évidemment anthropophage.
Et quand le sexe en reste à ce niveau, il n'est pas loin de basculer dans le sadisme.
Mais cet élan destructeur est en même temps un acte créateur, et le plaisir sexuel s'épanouit dans la construction d'une vie à deux.
Car la rencontre de deux personnes qui s'aiment inaugure une vie nouvelle, imprévue, incomparablement plus riche que la simple addition de leurs qualités respectives.

Michel Tournier, Le miroir des idées

Adrian Buckmaster Abby_Lust

Cette faim n'était
qu'un des buts et petit appétit
viendrait aussi sa soif

©   Well, Insatiables avidités

 

 

 

 

 

 

 

 

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