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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
12 janvier 2021

Diva

 

“Diva”,
la sculpture de vulve géante qui fait polémique au Brésil

 
Signée de l’artiste Juliana Notari, cette création de land art présentant un sexe féminin gigantesque
fait débat dans un pays où les tensions sont toujours fortes entre les tenants du progressisme et ceux de l’ultraconservatisme.

Sur une colline rurale du Pernambouc, cet État brésilien du Nordeste,
s’étale une vulve de 31 mètres de longueur qui semble en train de saigner.
Couverte de béton armé, sur lequel repose une résine rouge, une fente excavée sur le flanc d’une montagne
 – de la municipalité d’Água Preta, dans le canton de Mata Sul – s’est fait connaître dans le monde entier”, rapporte le Diario de Pernambuco.

Artista é atacada nas redes por obra retratando genitália feminina Revista Fórum

Le terrain utilisé appartient à Usina de Arte, un organisme culturel qui a réhabilité le site d’une ancienne usine à sucre. Et l’artiste – également chercheuse – derrière ce projet terminé dans les premiers jours de l’année 2021, est originaire de Recife, la capitale de l’État. Comme le raconte le quotidien nordestin, elle n’en est pas à son coup d’essai :

La carrière de Juliana Notari est marquée par une approche pluridisciplinaire, qui joue sur les tons de l’autobiographie, de la confession et qui mêle traumas, peurs, fantasmes et désirs. L’imagerie du vagin est récurrente dans ses œuvres des deux dernières décennies.”

Diva, l'installation de Juliana Notari, a été creusée à la main dans une colline du Nord-Est du Brésil

Vives réactions des conservateurs

Ses sculptures comme ses performances s’inscrivent dans un cadre explicitement féministe.
Le sexe féminin est érigé en symbole de résistance contre les violences et les traumatismes causés par la société patriarcale, détaille Juliana Notari auprès du journal.
Lequel a noté la répercussion internationale de Diva, dont l’artiste se dit surprise :

Je n’aurai jamais cru qu’il y aurait un tel écho. La création fait parler d’elle parce qu’elle touche à des plaies de l’histoire [il faudrait aussi y lire l’allégorie de la colonisation : une blessure dans la terre]. C’est le rôle fondamental de l’art que de créer un débat public. Bien sûr qu’il est sujet aux critiques. La seule limite, c’est de ne pas s’abaisser à des attaques indignes.”

Or, ce type d’invectives ne s’est pas fait attendre.
O Globo note, par exemple, les torrents d’injures reçus dans les commentaires Facebook adressés à Notari. Elle y voit “une preuve supplémentaire de [l’enracinement] du machisme et de la misogynie”. Pour The Guardian, ce déferlement est à attribuer à des partisans du président Bolsonaro. Le quotidien britannique relève ainsi un tweet dont s’est fendu le gourou idéologique de l’extrême droite brésilienne Olavo de Carvalho pour dénoncer Diva dans des termes particulièrement vulgaires, comme à son habitude. Et de souligner en revanche le soutien affiché dans les milieux culturels, exprimé par exemple par la dessinatrice trans Laerte Coutinho et le cinéaste nordestin Kleber Mendonça Filho (réalisateur, entre autres, de Bacurau).

Right-Wing Brazilians Are Up in Arms Over This 'Obscene' Sculpture of a Vulva at a Botanical Art Park in Brazil

Ceci étant, toutes les réactions critiques sur les réseaux sociaux ne sont pas imputables à des ultraconservateurs. Le Diario de Pernambuco relate ainsi quelques débats sur l’exaltation de la vulve comme symbole féministe – quid des femmes trans ou d’autres identités de genre ? Mais c’est surtout une photo de l’œuvre en chantier qui a provoqué, à gauche, une polémique. Le selfie montre l’artiste, blanche, devant un groupe d’hommes noirs qui s’affairent au terrassement du terrain. Un cadrage qui donne l’impression qu’ils travaillent sous les ordres de la femme blanche privilégiée, selon des internautes cités par O Globo.

    Courrier international - Paris

Minha obra trata da violência histórica no corpo da mulher

Onze mois ont été nécessaires à l’artiste brésilienne Juliana Notari, aidée d’une vingtaine de personnes,
pour créer Diva, une gigantesque vulve d’un rouge vif, en béton armé recouvert de résine,
mesurant 33 m de long, pour 16 m de large et 6 m de profondeur.
L’œuvre a été dévoilée la semaine dernière dans le parc artistique et botanique Usina de Arte, crée sur le site d’une ancienne usine sucrière dans l’État du Pernambouc, au Nord Est du Brésil. Cette représentation en XXL d’un sexe féminin en pleine menstruation, fait depuis scandale et génère de nombreuses polémiques sur les réseaux sociaux qu’il s’agisse de celle, particulièrement virulente, menée par les partisans du président d’extrême-droite Jair Bolsonaro, des reproches adressés à l’artiste pour n’avoir employé que des travailleurs noirs ou encore des critiques envers le caractère invasif de cette œuvre de Land Art.

Brazilian visual artist Juliana Notari


Perspective féminine

Mais quelle est l’idée de Juliana Notari derrière ce geste audacieux ?
L’artiste a expliqué sa démarche sur les réseaux sociaux :
« J’utilise l’art pour engager des questions relatives à la problématisation de genre à partir d’une perspective féminine alliée à une vision du monde qui questionne la relation entre nature et culture dans notre société occidentale phallocentrique et anthropocentrique ».
L’artiste travaille depuis de nombreuses années sur ces thématiques. Dès le début des années 2000, elle réalise ainsi la performance Dra.Diva durant laquelle elle crée des fissures dans un mur à l’aide d’un marteau et les baigne de sang animal avant d’y introduire des spéculums. Diva s’inscrit dans le prolongement de ce travail en provoquant le débat autour de la représentation du sexe féminin et des tabous sexuels que l’on impose aux femmes.


Symbole monumental de l’origine de la vie (on pense bien évidemment à l’illustre précédent créé par Courbet), cette installation prend également la forme d’une plaie béante, creusée à la main dans le flanc d’une colline verdoyante, et évoque ainsi la brutalité avec laquelle l’homme (et plus particulièrement le capitalisme) entend dominer la nature.
Pour Juliana Notari « c’est par un changement de perspective dans notre relation entre humains et non-humains [comprendre « le reste du monde vivant » NDLR] que nous pourrons vivre plus longtemps sur cette planète, qui plus est dans une société moins inégale et moins catastrophique ».


Phallocentrisme et guerre culturelle

Les sujets explorés par Juliana Notari, qu’il s’agisse aussi bien du féminisme que de la question des genres ou du rapport de l’homme à son environnement, sont devenus critiques dans la société brésilienne depuis la prise de pouvoir du parti social-libéral de Bolsonaro. Parmi la cohorte d’insultes et de commentaires orduriers qu’a provoqués la révélation de l’œuvre sur les réseaux sociaux, on peut ainsi tout particulièrement apprécier la réaction d’Olavo de Carvalho, philosophe polémiste d’extrême droite et proche du président brésilien,
« Pourquoi est-ce qu’ils critiquent tous cette chatte de 33 m de haut au lieu de lui opposer une bite ? »,
 une formule d’une élégance rare qui résume à elle seule la culture phallocentrique dénoncée par l’artiste.

    Por que estão falando mal da buceta de 33 metros em vez de enfrentá-la com um pirocão ?
    — Olavo de Carvalho (@opropriolavo) January 2, 2021

La sculpture d'une vulve géante a créé la polémique au Brésil Le Huffington Post LIFE

Lorsqu’il a été élu en octobre 2018, avec plus de 55% des voix, l’actuel président de la République fédérative du Brésil
avait promis de lutter contre « le socialisme, le communisme [et] le populisme de gauche ».
Or, selon lui, la gauche, c’est la culture. Ainsi, comme il l’avait annoncé lors de son premier discours en tant que président, il a supprimé le ministère de la Culture trois mois après sa prise de pouvoir, le remplaçant par un « secrétariat d’État chargé de la Culture » dirigé par une star de télénovelas. Une décision qui n’a fait que renforcer l’animosité qui préexistait entre  l’ancien militaire et les acteurs du monde de l’art et de la culture.

Bolsonaro n’a pas encore exprimé son ressenti face à l’œuvre de Notario,
mais, en deux ans, son gouvernement s’est acharné sans répit contre la culture.
On a vu ainsi se multiplier les censures de toute œuvre abordant
« la dictature militaire, les politiques d’éducation sexuelle [ou encore] la promotion des droits des femmes »,
ainsi que les coupes budgétaires (ordonnées par le ministre de la Citoyenneté ) visant les financements de projets artistiques.

Anne-Sophie Lesage-Münch

«LE VIOL DE LUCRECE», 1961 Huile sur toile monogrammée en haut à droite 27 x 46 cm André Masson Provenance - Galerie Louise Leiris, Paris

Dans mes plus anciens dessins,
Ariane est le labyrinthe.
Sa vulve en est l'entrée.
Thésée s'est égaré.

 André Masson, La mémoire du monde

Rachel Ungerer - Viva La Vulva

J'aime une femme qui rit.
Il semble alors que son vagin remonte jusqu'à sa bouche,
en vrillant, comme certaines fusées de feux d'artifice.

Henry de Montherlant, Carnets 1930 - 1944

Just Stop

La vraie naissance de l'amour coïncide avec la mort du désir.
Le sexe est moins une clef qu'un monstre et un mur.
Loin de vous rapprocher des êtres, il vous en sépare.
Il vous exile dans la surenchère de vos propres pulsions.

Louis Pauwels, Les dernières chaînes

Erotic Literary Salon

Affalée sur son divan
La divine Diva divaguait
Ondulant du derrière
Oscillant du devant
Ondoyant telle une rivière
Sur et sous ses dits "amants"

©   Well, Vocalises en La mineur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pin on Beautiful Sacred femininity

Pourquoi le sexe occupe t-il tant notre esprit ?
Parce qu'il est l'échappatoire suprême.
C'est la voie ultime vers l'oubli de soi absolu.

Jiddu Krishnamurti

 

 

 

 

 

 

 

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