Regard
A quelques centaines de mètres du pays, dans une grande villa silencieuse, non loin des écoles, habitait Thérèse Delombre.
La Sorgue coulait près de la maison et d’énormes platanes la protégeaient des regards. Une atmosphère d’angoisse, de solitude flottait autour de ses murs gris. Elle paraissait vouloir s’écraser sur le sol. Les sentiers qui menaient à la lourde porte étaient pleins de folle avoine.
Une mousse épaisse envahissait le bas des murs que l’humidité minait.
Rarement quelqu’un passait devant le portail de fer rouillé qui, pendant des années, ne s’était pas ouvert, et les branchages qui s’élevaient fort haut au-dessus des toits cachaient le cadran solaire à la lumière du jour.
Sur les quinze fenêtres de la façade, trois seulement étaient ouvertes.
Celles de la cuisine et de la salle à manger de Mme Delombre.
André Richaud, La Douleur (incipit)
Le hasard croisa son chemin
J'étais aveugle
Elle le voyait bien
Son regard croisa le mien
J'étais aveugle
Elle me le renvoyait bien
Mon regard croisa sa main
J'étais son aveugle
J'étais son chien
Puis le hasard décroisa nos chemins
J'étais aveugle
Mais je voyais enfin
Well, Sombritude ©