Injection
"Quand je suis arrivée dans le Centre, je n'étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c'était leur obsession, mais c'était trop infect. Chaque fois qu'ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires. Lorsqu'ils parvenaient malgré tout à me glisser une cuillerée dans la bouche, je la recrachais aussitôt. Plusieurs fois j'ai vomi, de la bile et du sang. C'est écrit dans le rapport.
Finalement, ils m'ont attachée sur mon lit, puis ils m'ont enfoncé une sonde dans le nez, et m'ont nourrie par là. On ne peut pas dire que c'était confortable, mais enfin, c'était mieux qu'avaler leurs immondices.
Je ne supportais pas le moindre contact. C'est écrit en page treize : Hurle dès qu'on la touche. Juste après : Sédation. Sédation, ça veut dire injections d'anxiolytiques, sangles, et musique douce pour enrober le tout d'un peu d'humanité.
Voilà comment ils sont parvenus à me faire tenir tranquille et à me trimbaler de service en service afin d'effectuer leurs batteries d'examens : ils m'ont palpée, auscultée, mesurée, pliée dans tous les sens. Ils m'ont planté des aiguilles dans le corps, ont branché sur moi des machines. Ils m'ont photographiée, aussi. Je pleurais sous les flashes. Alors ils m'ont donné des lunettes noires qui tenaient avec des élastiques, et je n'ai plus rien dit." La ballade de Lila K, Blandine Le Callet
"- Docteur, je viens pour ma vaccination
- Anesthésie ou Euthanasie ?
- Moi vous savez c'est pour passer l'hiver tranquille..."
Well, Crève-cœur