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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
29 septembre 2010

Aéroplane

"Le signor Pigozzi avait lu dans le journal qu'un Allemand de l'Est, ingénieur mécanicien, ayant construit en 1976 un petit aéroplane à moteur avec des pièces récupérées sur de vieilles automobiles, s'était enfui en Allemagne de l'Ouest en survolant la frontière. C'était l'époque où les peuples étaient opprimés par le communisme.

Comme Pigozzi possédait une vieille Fiat et ne s'entendait ni avec sa femme ni avec sa fille, il s'était mis à caresser l'idée de s'envoler un beau jour et de ne plus jamais revenir. C'était un technicien confirmé qui s'y connaissait en moteurs. De plus, il avait été influencé par une encyclopédie de géographie illustrée. Son idée était d'alléger au maximum sa Fiat, et il avait pour ce faire supprimé les portières et presque toute la carrosserie. Il avait également enlevé les roues arrière qu'il avait remplacées par une petite roue centrale récupérée chez un ferrailleur. Il avait déplacé au centre le siège du conducteur, très allégé lui aussi, puis il avait fait sauter le plancher et l'arbre de transmission. Il ne restait que le moteur sur les deux roues avant et un tube supportant le siège avec la petite roue à l'arrière. Il avait amené son automobile en banlieue, où se trouvait un grand champ non cultivé en attente du permis de construire. Il travaillait près d'une casse de voitures. Le démolisseur n'était pas au courant de son projet ; il croyait même qu'il voulait fabriquer une machine agricole pour faucher l'herbe, comme le lui avait dit Pigozzi, une machine expérimentale de conception très futuriste. Il lui fallait donc une hélice, qu'il avait effectivement montée à l'avant, sur l'arbre-moteur. L'hélice, il l'avait dénichée à l'aéroport, abandonnée dans un coin ; on lui en avait fait cadeau parce qu'elle avait un défaut, mais ce défaut il ne l'avait jamais trouvé. « À l'aéroport - disait-il au démolisseur (signor Caravita) - les hélices on les trouve gratis par terre, parce qu'ils en ont tellement qu'ils les gaspillent. » Ensuite, il avait fabriqué des ailes avec de la toile tendue sur un léger châssis de baguettes métalliques. Et derrière à la queue, au-dessus de la petite roue, le gouvernail. Le démolisseur disait que ça ressemblait à un aéroplane du début du siècle ; mais Pigozzi répétait que c'était une faucheuse de conception très moderne, comme on en fait de nos jours en Amérique.

La construction a duré plus d'un an. Mais la toile, il l'a posée le dernier jour pour ne pas se faire remarquer ; puis, brusquement un matin, vers dix heures (c'était en juillet 1978), il a mis le moteur en route. Des gitans d'un camp nomade installés à côté ont tout vu. Le moteur n'avait pas de pot d'échappement mais comme il le poussait au maximum, l'aéroplane a démarré. Il était tourné vers le sud-est.

Il a commencé à prendre de la vitesse. Le démolisseur était sorti lui aussi pour regarder et il l'a vu partir à toute allure, d'après lui à soixante-dix ou quatre-vingt kilomètres à l'heure. Les gitans disent cent. Le champ est en légère pente, ce qui a accentué la vitesse. Il a fait près d'un kilomètre, de plus en plus vite. Il y avait une erreur, probablement dans les ailes, parce qu'il n'a jamais décollé. De toute façon personne n'a très bien vu. Le démolisseur pensait toujours qu'il voulait faucher l'herbe ; pendant ce temps les gitans avaient couru derrière lui et l'ont trouvé mort, le pauvre, contre le terre-plein de la route surélevée. L'avion était détruit, mais on reconnaissait le moteur Fiat et les roues avant Fiat. D'après l'expertise médico-légale effectuée sur Pigozzi c'est l'hélice qui l'a tué. Il avait dans ses poches quatre millions, son permis de conduire et un petit tube de lait condensé, sans doute pour se sustenter pendant le vol. Il avait aussi une carte géographique de l'Asie. D'après le témoignage du démolisseur, tout est venu du manque de freins : Pigozzi n'avait pas envisagé l'éventualité de freiner, ce qui avait été une erreur, même pour une faucheuse." Les Idiots, Ermanno Cavazzoni
airwoman

"Tu t'envoies en l'air
et tu décolles
en coup de vent
comme Clément Ader
à bord de l'Eole

Tu t'envoies en l'air
et tu t'envoles
en tourbillon
comme Clément Ader
à bord de l'Aquilon..."
Well, Aéroplane

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