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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
20 avril 2007

Miroir

Mirror__mirror_on_the_lake__which_image_is_real_and_which_is_fake___Michael_LunseQuiconque, hâve,
et qu'on vexe,
rêve, fléchit,
puis se dédouble...

"Les miroirs sont comme la conscience. On s'y voitPipes_in_the_mirror___Markus_Leitl comme on est, et comme on n'est pas, parce que de même que devant sa conscience, celui qui se voit au profond du miroir tente de dissimuler ses laideurs."  Miguel Angel Asturias, Hommes de Mal

"Le hanneton, rude et prosaïque au premier aspect, promet Reflection_in_puddle___Vlado_Marinkovicpeu. Cependant son aile écailleuse, mise au foyer du microscope, bien éclairée en dessous du petit miroir, et vue ainsi par transparence, offre une noble étoffe d' hiver, feuille morte, où serpentent des veines d'un très-beau brun. Et le soir, c' est bien autreReflection____Josip_Kevari chose : plus de brun, la partie jaunâtre de l' écaille a pris le dessus ; elle paraît seule à la lumière un or (triste comparaison ! ), un or Mirror____Margaux_Luxétrange, magique, or de paradis, comme on le rêve pour les murs de la Jérusalem céleste ou pour les vêtements de lumière que les âmes portent devant Dieu. Soleil plus doux que le soleil, et qui, on ne sait pourquoi, charme et attendrit le coeur. Mirage étrange ! ... et qu'ai-je dit ! ... toute cette fêteMirror___Jean_Pierre_Romeyer de lumière, c'était l' aile d'un hanneton ! Maintenant, il est tel insecte que ni le jour, ni la nuit, ni à l'oeil nu, ni au microscope, n' exciterait
d' intérêt ; mais, si vous prenez la peine, avec un scalpel patient, délicat, de soulever dans l' épaisseur de son aile écailleuse les feuillets qui la composent, vous trouverez le
plus souvent des dessins inattendus,parfois Beach_reflection____Anja_Globigde courbes végétales, de légers rameaux, parfois de figures angulaires, striées, comme hiéroglyphiques, qui rappellent l' alphabet de certaines langues orientales. Vrai grimoire, en réalité, qu' on ne peut ramener, comparer à aucune forme connue. Ces étranges caractères, qui attirent fortement l' oeil, le ramènent toujoursReflection_in_remaking____Drjeongphuu_Phuu, inquiètent l' esprit, sont très-dignes de cet intérêt. Ce qu' ils disent et expriment dans leurs langues saillantes, c'est la circulation de la vie. Les unes sont les tubes par lesquels l' air passe dans l' aile et la distend pour le vol ; les autres, les petites veines où circulent les puissants liquides qui donnent à l' être imperceptible ses couleurs et son énergie." Jules Michelet, L'insecte

Reflection___Jos__Moreira"Le brave homme avait loué au coeur de la ville arabe une jolie maisonnette indigène avec cour intérieure,bananiers, galeries fraîches et fontaines. Il vivait là loin de tout bruit en compagnie de sa mauresque, maure lui-même de la tête aux pieds, soufflant tout le jour dans son narghilé, et mangeant des confitures au musc. Etendue sur un divan en face de lui, Baïa, la guitare au poing, nasillait des airs monotones, ou bien pour distraire son seigneur elle mimait la danse du ventre, enSelfportrait___TatianaSard_ tenant à la main un petit miroir dans lequel elle mirait ses dents blanches et se faisait des mines. Comme la dame ne savait pas un mot de français ni Tartarin un mot d' arabe, la conversation languissait quelquefois, et le bavard tarasconnais avait tout le temps de faire pénitence pour les intempérances de langage dont il s' était rendu coupable à la pharmacie Bézuquet ou chez l' armurier Costecalde. Mais cette pénitence même ne manquait pas de charme, et c' était comme un spleen voluptueux qu' il éprouvait à rester là tout le jour sans Nu_avec_glace___Loic_P_zarchesparler, en écoutant le glouglou du narghilé, le frôlement de la guitare et le bruit léger de la fontaine dans les mosaïques de la cour."  Alphonse Daudet, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon

"Si une femme, en effet, se met à dire la vérité, la forme dans le miroir se rétrécit, son aptitude à la vie s'en trouve diminuée. Comment l'homme continuerait-il de dicter des sentences, de civiliser des indigènes, de faire des lois, d'écrire des livres, de se parer, de pérorer dans les banquets, s'il ne pouvait se voir pendant ses deux repas
Diptico_cold_and_warm___Tatiana_Sard_ principaux d'une taille pour le moins double de ce qu'elle est en vérité." Virginia Woolf, Une chambre à soi

"De nouveau pour Shinamura, ce fut la couleur annonçant un adieu au monde du réel.
Le train se hissa sur le flanc nord de la chaîne et s'engouffra dans le long tunnel. Lorsqu'il en déboucha, on eût dit que le lumière incertaine de l'après-midi hivernal se fût engloutie déjà au sein ténébreux de la terre. Quant aux vieux wagons ferraillants, ils avaient apparemment laissés dans le tunnel
Harlot___Miss_Ruby_Fooleur brillante livrée de givre et de neige. On descendit alors une vallée, où déjà les ombres à peine teintées du crépuscule comblaient les précipices, que laissaient entrevoir les hauts sommets entassés l'un sur l'autre. Ce versant-ci ne présentait pas trace de neige encore.
La voie courut le long d'une rivière pour atteindre bientôt la plaine. Profilant son étrange architecture de tours, de flèches
Essence_of_Peace___Walkinonsunshine et de créneaux sur la ligne des sommets, la montagne étalait gracieusement ses belles pentes en moutonnant jusqu'aux ultimes contreforts, où la lune, avait sa teinte de fin du jour. C'était un point d'attraction, le seul, sans rien d'autre, dans toute l'affligeante monotonie de la plaine déserte. Et sur le ciel harmonieusement doré, vint ressortir Aqua_green___Buddah_ghostdistinctement, tout entière, la silhouette grandiose de cette montagne drapée dans une pourpre profonde. La lune, qui avait déjà perdu la fadeur de son diurne éclat, restait pâle pourtant encore et n'avait rien de ce brillant tout frémissant que lui donne la transparence de la haute nuit d'hiver. Tout le ciel était immobile ; pas un oiseauTorzhok en vol. A droite ni à gauche, rien ne venait rompre la ligne douce de l'horizon des montagnes lointaines, jusqu'aux derniers et menus vallonnements qui s'en venaient, s'étirant souplement, jusqu'à la rivière, près de laquelle le regard se heurtait avaec surprise au carré blanc d'un bâtiment : sans doute une centrale électrique. C'était le dernier volume qui ramassait sur lui tout ce qu'il pouvait rester de jour dans le paysage terni, tel qu'il se découpait si mélancoliquement dans le cadre de la fenêtre de ce train hivernal.
Reflection___Erwin_FPeu à peu, le chauffage embua la glace de la fenêtre, à mesure que s'éteignait dehors le paysage de la plaine défilante ; et le jeu du miroir recommença comme tout se recommence éternellement, reflétant cette fois de vagues silhouettes de voyageurs dans sa demi-transparence. Le train, avec ses trois ou quatre wagons à bout d'usure et d'un autre âge, ne ressemblait en rien aux rapides des grandes lignes centrales. L'éclairage y était jaune et bas.
Tout entier livré aux rêveries et aux fumées de son
Flying_car__Bolivia_____Stefan_Spiecker imagination, Shinamura se voyait voyageant dans l'irréel, emporté vers le grand Vide éternel, hors le temps et l'espace, par quelque véhicule surnaturel. Sur le rythme monotone battu par le bruit des roues, peu à peu, il entendit parler la voix de celle qu'il venait de quitter."  Yasunari Kawabata, Pays de neige

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Commentaires
W
Mam'deKeravel : Est-ce que ton miroir pourra nous dire qui sera la plus belle au soir du dimanche 6 mai ? De plus, ça sera la Sainte prudence. Un signe !<br /> <br /> Amba : Le suicide pour de nombreux écrivains est aussi une volonté de s'affranchir du destin et de pouvoir en disposer en lui imposant la suprême décision. Kawabata a mis fin à ses jours le 16 avril 1972. Il y a tout juste 35 ans.<br /> "Je peux te prêter mon bras pour un soir, dit la fille. Et, le détachant de son épaule droite, elle le prit dans sa main gauche et le déposa sur mes genoux": ainsi commence "La beauté, tôt vouée à se défaire".<br /> <br /> "C'est une oeuvre rigoureuse qui n'a pas du tout vieilli. Et je crois que si elle n'a pas vieilli, c'est sans doute à cause de la sérénité qui s'en dégage. Je me demande où l'auteur arrive à trouver cette tranquillité artistique", écrit, dans un texte datant de 1967, Yukio Mishima, l'auteur du "Pavillon d'or", qui s'est suicidé en 1970<br /> <br /> La solitude et la mort sont des thèmes très récurrents dans l'oeuvre de Kawabata.<br /> En voici un autre extrait :<br /> "Alléger le fardeau des morts... oui, il lui semblait comprendre cela...Se torturer à leur sujet, c'était comme de les insulter. Un tort qu'on leur fait sans y penser. Les morts ne font pas la morale aux vivants ; ils n'exigent pas d'eux qu'ils leur appliquent leurs catégories morales... Une fois encore, Kikuji contempla le portrait de Mme Ôta, là-bas, près des fleurs rangées sur le tokonoma." Yasunari Kawabata, Nuée d'oiseaux blancs<br /> <br /> Merci Galiléo. Il y a tant de textes à découvrir. Mais ce sont les sources qui manquent. Alors que sur internet les photothèques abondent. Mais, c'est vrai, il faut savoir chercher. A bientôt
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G
décidemment ce blog est magnifique ! quel beau travail de recherche d'images et de mots ... j'adore
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A
Estce que les grand écrivains finisent tous par se donner la mort: Mishima, Kawabata, et bien d'autres encore. <br /> Yasunari Kawabata disait "mourir, c'est refuser toute compréhension, et pour toujours, de la part des autres..."<br /> Qu'en penses-tu?
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M
La première chose qui m'est venue à l'esprit quand j'ai lu le titre est "Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle".<br /> <br /> Effectivement les résultats de ce premier tour sont à l'image des mes espérance ;-) mais c'est pas gagné ...
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W
Miss75 : De somptueux paysages où l'on a envie de plonger son image.<br /> <br /> Merci Bridget. Tu sais bien que dans ton miroir c'est toujours toi la plus belle :)<br /> <br /> Estelle : Pas toujours facile de dénicher de belles photos pour illustrer un même mot, mais aujourd'hui elles sont en harmonie dans ce miroir bien réfléchi.<br /> <br /> Merci Danouche pour cette fable où la morale se reflète dans sa fontaine. Heureux week-end également.<br /> <br /> Gwenn : Les lacs d'altitude font aussi partie des somptueux miroirs où j'aime noyer mon reflet. Happy week-end²<br /> <br /> J'espère que les résultats de ce premier tour seront à l'image de vos espérances...
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G
Comme j'aime marcher au bord de ces lacs de montagne quand ils se transforment en paisibles miroirs !<br /> Bon week-end Well !
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D
"Un homme qui s’aimait sans avoir de rivaux<br /> Passait dans son esprit pour le plus beau du monde.<br /> Il accusait toujours les miroirs d’être faux,<br /> Vivant plus que content dans son erreur profonde.<br /> Afin de le guérir, le sort officieux<br /> Présentait partout à ses yeux<br /> Les conseillers muets dont se servent nos Dames :<br /> Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,<br /> Miroirs aux poches des galands,<br /> Miroirs aux ceintures des femmes.<br /> Que fait notre Narcisse ? Il va se confiner <br /> Aux lieux les plus cachés qu’il peut s’imaginer<br /> N’osant plus des miroirs éprouver l’aventure.<br /> Mais un canal, formé par une source pure,<br /> Se trouve en ces lieux écartés ; <br /> Il s’y voit ; il se fâche ; et ses yeux irrités<br /> Pensent apercevoir une chimère vaine.<br /> Il fait tout ce qu’il peut pour éviter cette eau ;<br /> Mais quoi, le canal est si beau<br /> Qu’il ne le quitte qu’avec peine<br /> On voit bien où je veux venir.<br /> Je parle à tous ; et cette erreur extrême<br /> Est un mal que chacun de nous se plaît d’entretenir.<br /> Notre âme, c’est cet Homme amoureux de lui-même ;<br /> Tant de Miroirs, ce sont les sottises d’autrui,<br /> Miroirs, de nos défauts les Peintres légitimes ;<br /> Et quand au Canal, c’est celui<br /> Que chacun sait, le Livre des Maximes."<br /> <br /> L'homme et son image, fable XI de La Fontaine<br /> <br /> A ce blog miroir de ton esprit aux mille reflets... très bon week-end !
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E
Miroir magique, dis-moi qui est la plus belle ?<br /> Toutes les photos sont magnifiques, d'une esthétique pure. Celle qui me touche le plus étant celle des barques colorées, dont on pourrait se dire qu'il s'agit d'une peinture contemporaine.<br /> Passes un bon week-end, et remplis-toi les yeux de merveilles.
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B
Merci pour ces voyages, les photos sont magnifiques, une fois encore.<br /> Celle que je vois dans le miroir change tous les jours, selon l'humeur, en âge, en forme et en couleurs...
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M
Tu es un expert des reflets. La première photo (la montagne) est magnifique, on dirait une carte postale.
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