Simulacre
Essence et sens
Quand Sigmund l'âcre
stimule l'acte...
Aujourd'hui, quand le sang la travaillait, elle ne pouvait se résoudre à entrer, à consommer, à payer et à sortir; c'était, à ses yeux, de la bestialité, du rut de chien couvrant sans préambules une chienne; puis la vanité fuyait, inassouvie, de ces maisons tolérées où il n'y avait eu, ni simulacre de résistance, ni semblant de victoire, ni préférence espérée, ni même de largesse obtenue de la part de la marchande qui aurait ses tendresses, suivant les prix. Au contraire, la cour faite à une fille de brasserie, ménageait toutes les susceptibilités de l'amour, toutes les délicatesses du sentiment. Celle-là, on se la disputait, et ceux auxquels elle consentait à octroyer, moyennant de copieux salaires, un rendez-vous, s'imaginaient, de bonne foi, l'avoir emporté sur un rival, être l'objet d'une distinction honorifique, d'une faveur rare. " Joris Karl Huysmans, A rebours
"Je fis un rêve répugnant, un triple Ephialte. Dans mon rêve, je voyais un petit chien, mais pas simplement un petit chien; un simulacre de petit chien, très petit, avec les minuscules yeux noirs d'une larve de scarabée; il était blanc, de part en part, et tout froid. De la chair ? Non, pas de la chair, mais plutôt du suif ou de la gelée, ou encore, peut-être, le gras d'un ver blanc, avec, de plus, une sorte de surface rugueuse et ciselée qui rappelait celle d'un agneau pascal de beurre, en Russie... dégoûtante imitation. Une créature à sang froid, que la Nature avait pétrie à l'image d'un petit chien avec une queue et des pattes, tout comme un vrai. Il se mettait constamment sur mon passage, je ne pouvais l'éviter; et quand il me touchait, je ressentais une espèce de choc électrique. Je m'éveillai. Sur le drap du lit voisin du mien était couché en rond, comme un petit gâteau blanc, ce même horrible petit simulacre de chien. Je grognai de dégoût, et j'ouvris les yeux. De tous côtés flottaient des ombres; le lit voisin du mien était vide, et, dans le silence, je vis luire d'un éclat argenté ces larges feuilles de bardane qui, en raison de l'humidité, croissent sur des bois de lit. Il y avait sur ces feuilles, des taches louches, de nature gluante; je regardai de plus près; il était assis là, collé à la tige grasse, petit, d'un blanc de suif, avec ses petits yeux pareils à des boutons noirs... mais cette fois, enfin, je m'éveillai vraiment." Vladimir Nabokov, La méprise
"L'initiation du jeune Australien à la dignité de guerrier est une cérémonie si importante, que les tribus ennemies suspendent pour cette occasion leurs hostilités et se rencontrent en paix. Les guerriers font le simulacre d'enlever les garçons âgés de treize à quatorze ans; les femmes se lamentent, pleurent leur perte, et, dans leur désespoir, se tailladent les cuisses avec des écailles de moules jusqu'à ce qu'elles saignent profusément. Les jeunes gens sont entraînés dans des endroits écartés: quand on pratique les rites mystérieux, un vieillard, perché sur un arbre, tourne le wiktouteihton, instrument sacré formé d'une planchette ovale, attaché par une corde de cheveux d'homme; son bruit strident avertit les femmes et les enfants de ne pas approcher sous peine de mort.
Le garçon doit parler à voix basse; on épile sa tête, mais on lui met des touffes de mousse au pubis et aux aisselles, les poils en ces endroits caractérisant l'adulte. Les Purnkallas et les Nanos fendent avec un silex aiguisé la verge jusqu'au scrotum, puis pratiquent la circoncision; d'autres se contentent de couper circulairement le prépuce qu'on passe en guise de bague au doigt médian gauche de l'initié. Le circoncis est expédié dans les montagnes, et pendant un certain temps il doit fuir l'approche de toute femme. Les Koradjée de la Nouvelle-Galles du Sud ne circoncisent pas les jeunes gens, mais leur font sauter une dent de devant, après avoir préalablement incisé la gencive avec un morceau d'os." Paul Lafargue, La circoncision, sa signification sociale et religieuse
Heureuses festivités pascales. A bientôt