Poison
Potion ou poison? :
Cul rare se nique.
"Tu as horreur du poison visible qui cause la perte du corps, aie bien d'avantage horreur de la toxine qui tue l'âme. La cigüe est un poison pour le corps, mais beaucoup plus est le poison de l'âme, le plaisir." Erasme, Le poignard du soldat chrétien
"L'homme est là sans mouvement, bouche béante, les yeux clos, la tête renversée : la forme verte est maintenant penchée sur le nécessaire. Qu'y cherche-t-elle avec cette ardeur fébrile, à la clarté d'un des flambeaux de la cheminée ? Elle a trouvé, car je ne la vois plus, mais je l'entends remuer des flacons au-dessus de la cuvette, et une odeur bien connue, une odeur qui me prend au cerveau et me grise et m'énerve, se répand dans la chambre : une odeur d'éther. La forme verte reparaît, se dirige à pas lents, toujours muette, vers l'homme évanoui. Que porte-t-elle avec tant de précaution dans ses mains ?... Horreur ! c'est un masque de verre, un masque hermétique sans yeux et sans bouche, et ce masque est rempli jusqu'aux bords d'éther, de liquide-poison : la voici qui se penche sur l'être, là, sans défense, offert, inanimé, lui applique le masque sur la face, l'y noue solidement avec un foulard rouge, et comme un rire lui secoue les épaules sous son capuchon de velours sombre : "Tu ne parleras plus, toi", m'a-t-il semblé l'entendre murmurer." Jean Lorrain, Un crime inconnu
"Je connais et possède plus de cent poisons. Ceux qui foudroient, ceux qui cheminent, ceux qui font du corps une fournaise, ceux qui le glacent, ceux qui le gonflent comme une baudruche, ceux qui le dessèchent, ceux qui le paralysent, ceux qui fardent les joues de tache de beauté brûlantes comme le feu, ceux qui bariolent la peau de tous les abcès, de tous les pus, de toutes les couleurs. Il y a ceux qui donnent une mort suppliciante et ceux qui assurent la mort comme une illusion. Ceux qui amènent le trépas instantané et ceux qui permettent de le sentir s'approcher." Lucien Bodard, La vallée des roses
"Impossible de vivre sans poison. L'homme est un animal qui ne peut pas ne pas s'empoisonner. Même les sauvages, tu m'entends bien. Les Chinois, c'est l'opium; les Arabes, le haschisch; les autres, en Amérique, la coca, la kola, toutes sortes de saloperies. Nous les blancs, c'est l'alcool et le tabac.
Et voilà! ceux qui ne prennent rien, c'est qu'ils s'enivrent de leur salive, comme disait Vallès, c'est qu'ils se saoulent de leur propre venin." G. Duhamel, Chronique des Pasquier
Heureux poiSon d'avril... (Pause)