Résine
La soif du bois est sa sève
et sa raison la résine
"Ils travaillaient depuis six jours sur un long canoë à l’armature en tremble et recouvert d’écorce de bouleau dont les morceaux étaient cousus ensemble avec un nerf d’orignal. L’étanchéité de ces coutures était assurée avec une gomme mêlant de la résine de pin et du duvet d’oie. Ohio avait taillé les pièces de bois et les avait laissées tremper dans de l’eau bouillante. Pour ce faire, il avait creusé un trou oblong dans le sol et y avait étendu une peau d’orignal. Il avait rempli d’eau le petit bassin ainsi formé, y jetant des pierres brûlantes qu’il remplaçait jusqu’à obtenir la température souhaitée, proche de l’ébullition. Le bois ainsi chauffé se pliait selon la courbure que l’on désirait. Puis il séchait, maintenu dans la bonne position par de grosses pierres, ajustées avec des coins de bois". Nicolas Vannier, Le chant du Grand Nord
"Il régnait un odeur de bois fraîchement coupé. Elle se répandait de la route jusqu'à la rivière, elle remplissait l'air et flottait au-dessus de l'eau, elle pénétrait partout, elle m'engourdissait et me faisait tourner la tête. J'étais au centre de tout. Je sentais la résine, mes vêtements et mes cheveux sentaient la résine; la nuit, dans ma couchette, ma peau sentait la résine. Je m'endormais avec l'odeur de la résine, je me réveillais avec l'odeur de la résine, l'odeur de la résine m'accompagnait du matin au soir. Je faisais un avec la forêt. Pataugeant dans des brindilles de sapin, je courais partout en coupant des branches comme mon père m'avait appris à le faire : aussi près du fût que possible, pour ne rien laisser dépasser qui puisse gêner le passage du couteau à écorcer ou blesser les pieds des hommes qui auraient à marcher sur les grumes et les séparer quand elles s'agglutineraient sur la rivière." Per Petterson, Pas facile de voler des chevaux