Sanction
Île de Ré: verbalisé avant de voir son père mourant, il saisit l'IGGN
Patrice Dupas, habitant le Loir-et-Cher, a traversé 300 km pour rendre visite à son père avant sa mort. Verbalisé par un gendarme inflexible, il a dû faire demi-tour.
“La dernière fois que je pouvais lui parler”
L’homme prend donc la route un samedi matin. Il est soumis à un premier contrôle à la sortie de l’autoroute en Charente-Maritime, au cours duquel les gendarmes le laissent passer sans problème. Mais un deuxième contrôle, après le pont de l’Île de Ré, le confronte à un gendarme inflexible.
“En regardant mon attestation, il me dit: ‘Vous ne passez pas, ce n’est pas impérieux,
on n’a pas le droit d’aller visiter les anciens dans les Ehpad’. Je réponds que mon père n’est pas dans un Ehpad, il est en hospitalisation à domicile et il est en phase terminale d’un cancer. Sa réponse: ‘Non, non, vous ne passez pas, je vous mets une amende’”, raconte Patrice Dupas à France Bleu.
L’homme tente de négocier pendant cinq heures, et appelle même le médecin de famille
qui explique la situation au gendarme, par téléphone. Il tente également de contacter la gendarmerie locale, des élus et la préfecture, indique France Inter. Mais rien n’y fait. Patrice Dupas est obligé de faire demi-tour, à seulement trois kilomètres de sa destination. Son père meurt trois jours plus tard.
La semaine dernière, une septuagénaire avait été verbalisée pour violation de “cordon sanitaire”
devant un Ehpad du Tarn où elle venait saluer, par la fenêtre fermée, son mari résident.
La préfecture a toutefois indiqué mardi que la gendarmerie allait “rentrer en contact avec la famille pour éteindre la procédure” dans cette affaire
“où il y a peut-être eu un peu d’excès”.
Huffingtonpost, 15/04/2020
Et vous continuerez de vous révolter contre cette terrible confusion
où ceux qui refusent leurs soins aux autres périssent dans la solitude tandis que ceux qui se dévouent meurent dans l’entassement ;
où la jouissance n’a plus sa sanction naturelle, ni le mérite son ordre ;
où l’on danse au bord des tombes ;
où l’amant repousse sa maîtresse pour ne pas lui donner son mal ;
où le poids du crime n’est jamais porté par le criminel,
mais par l’animal émissaire qu’on choisit dans l’égarement d’une heure d’épouvante.
Albert Camus, Exhortation aux médecins de la peste
Les blessures les plus graves sont celles qu'on ne verbalise jamais,
celles qu'on garde inscrites au fond de son âme pendant toute son existence.
Nicolas Tackian, Quelque part avant l'enfer
Ce n’est pas parce que le cancer du poumon est un danger réel
que l’on pourchasse les fumeurs avec de plus en plus de férocité ;
ce qui motive d’abord la répression, c’est le plaisir de réprimer, le dernier peut-être qui nous reste ;
et avec d’autant plus d’allégresse que la cause est indiscutable.
L'Empire du bien, Philippe Muray
La culpabilité se hâte toujours vers son double complémentaire,
le châtiment :
c'est là seulement qu'elle trouve l'apaisement.
Lawrence Durrell, Justine
Que dis-tu de ceci :
des brigands grecs ont un jour une riotte avec la gendarmerie.
Ils s'emparent de l'officier et de trois gendarmes,
les enculent à outrance et les renvoient ensuite sans leur avoir fait autre chose.
Quelle ironie de l'ordre !
Gustave Flaubert, Correspondance à Louis Bouilhet (1851)
Il m'en coûte moins, à tous les sens du mot,
d'encourir la sanction de désobéissance à l'Etat, qu'il ne m'en coûterait de lui obéir.
J'aurais l'impression, dans ce dernier cas, de m'être dévalué.
Henry David Thoreau, La Désobéissance civile (1862)
- Un toucher rectal ?
mais pourquoi monsieur l'agent ???
- Simple contrôle !
© Well, La nouvelle attestation de déplacement dérogatoire
Une mesure bien torchée