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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
26 février 2020

Rédemption

 

Les jeux de la Foi ne sont que cendres auprès des feux de la Joie.
Jacques Prévert, Spectacle

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Ce n'est d'ailleurs que dans le récit de mes renoncements que je prends pour autrui une apparence objective.
C'est par la comparaison de nos renoncements que nous avons quelques chances de nous ressembler, c'est-à-dire de trouver ailleurs l'écho de notre volonté.
C'est par le renoncement que le monastère est communauté.
En fait nous ne sommes originaux que par nos fautes.
Nous ne sommes vraiment des êtres que par une rédemption.
Cette rédemption a un sens foncièrement créateur.
Une faute est toujours un déficit d'être.

Gaston Bachelard, Études

Persephone Woman Thorns

Je reviens toujours à Sexe et Caractère d’Otto Weininger comme à un des livres les plus déments de la tératologie philosophique,
l’œuvre d’un Kant enfermé dans la cellule capitonnée d’un asile de fous et qui ne trouverait d’issue que dans le suicide.
C’est d’ailleurs ce qui se produisit le 4 octobre 1903 lorsque Otto Weininger, âgé de vingt-trois ans, se suicida d’un coup de pistolet dans la chambre même où Beethoven avait rendu l’âme, orchestrant ainsi de manière quasi diabolique la réception de son unique chef d’œuvre. Il suivait l’exemple du tout jeune Meinländer qui, trente-sept années auparavant, s’était pendu le jour de la parution de son génial ouvrage, La philosophie de la Rédemption. Il y a une certaine grandeur à abandonner la vie au profit d’un livre, un livre d’une férocité inouïe qui enfièvrera des générations d’étudiants et qui fascinera longtemps mon ami Cioran. C’est à travers Weininger que nous nous sommes rencontrés.

Otto Weininger était juif. Et s’il y eut bien un jour un enfant pour maudire son sang, ce fut cet Œdipe juif qui portait en lui, comme un criminel, la duplicité, la cruauté et la mort. Il n’atteindrait jamais les cimes du génie. Car, soutenait-il, le juif n’est rien pour cette raison profonde qu’il ne croit en rien. On retrouvera chez Portnoy, ce double de Philip Roth, cette honte d’être juif et de ne pouvoir renoncer à sa judéité. Bref, d’être condamné à la trahison perpétuelle.

Freud auquel Otto Weininger avait soumis le manuscrit de Sexe et Caractère l’avait trouvé génial, mais totalement fêlé. Une trop vive conscience de soi et des idéaux éthiques inaccessibles avivent un désir de mort contre lequel personne ne peut rien. Le suicide de Weininger devait signer à la fois son échec et son apothéose. Il y avait certes de la présomption, mais aussi de l’héroïsme dans son geste. Il n’est pas certain qu’il y ait encore qui que ce soit aujourd’hui pour en goûter le charme morbide et moins encore le sublime d’une pensée qui se retourne contre celui qui, dans son désespoir, l’a élaborée.

Roland Jaccard, Ma galerie de nihilistes 2 : Otto Weininger, Cioran ou le culte du génie...

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Bien entendu.
C'est foutu depuis longtemps, depuis l'origine.
Tu ne représenteras jamais, Raphaël, un rêve érotique de jeune fille.
Il faut en prendre ton parti ; de telles choses ne sont pas pour toi.
De toute façon, il est déjà trop tard.
L'insuccès sexuel, Raphaël, que tu as connu depuis ton adolescence, la frustration qui te poursuit depuis l'âge de treize ans laisseront en toi une trace ineffaçable.
À supposer même que tu puisses dorénavant avoir des femmes – ce que, très franchement, je ne crois pas – cela ne suffira pas ;
plus rien ne suffira jamais.
Tu resteras toujours orphelin de ces amours adolescentes que tu n'as pas connues.
En toi, la blessure est déjà douloureuse ; elle le deviendra de plus en plus.
Une amertume atroce, sans rémission, finira par emplir ton cœur.
Il n'y aura pour toi ni rédemption, ni délivrance.
C'est ainsi.

Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte

Persephone Nunn confession 

Un pardon c'est déjà trop
mais Depardon, il n'y a pas photo

©    Well, Magnum Opus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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