Ride
Jour après jour, le temps d'éphéméride
"Il n'y avait plus sur la mer, où la tempête avait labouré, que de longues rides régulières qui se déployaient en éventail." Saint-Exupéry, Courrier Sud
Une profonde ride creusait donc le front de Könik, elle descendait droit des premiers cheveux à la racine du nez, elle continuait même sur le nez et s'arrêtait à la pointe du menton, il était né ainsi, c'était comme un signe que quelqu'un aurait gravé sans lui demander son avis, qui coupait son visage en deux moitiés. Les deux moitiés du visage ne semblaient pas du tout s'accorder : l'une était comme taillée dans un tronc de bouleau, dure et permanente, l'autre était comme du cuir humide, relâchée et molle, l'un de ses yeux était sec et grand ouvert, l'autre, à moitié fermé, suintait tant que Könik devait sans cesse l'essuyer du revers du poignet. Eira avait coutume de poser l'index sur la ride et de le glisser sur son front.
Torgny Lindgren, La lumière