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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
13 mars 2022

Télé-Guerréalité





Nous nous taisons tous, en essayant de nous convaincre que ce que nous avons vu,
ce que nous avons fait, ce que nous avons appris de nous-mêmes et des autres est une illusion,
un cauchemar passager.
Les guerres sont sans mémoire, et nul n'a le courage de les dénoncer, jusqu'au jour où il ne reste plus de voix pour dire la vérité, jusqu'au moment où l'on s'aperçoit qu'elles sont de retour, avec un autre visage et sous un autre nom, pour dévorer ceux qu'elles avaient laissés derrière elles.

Carlos Ruiz Zafón, L'ombre du vent

乌克兰女兵积极请战,要跟车臣大兵硬碰硬?普京头号“迷弟”乐了_俄罗斯_女性_卡德罗夫


Je me souviens, tu me parlais de la mort des enfants, de la guerre.
Les années qu'ils n'ont pas vécues creusent des trous béants dans les murs de nos maisons.
Jean-Marie G. Le Clézio, Onitsha

 

Kyiv, Ukraine People rest in the Kyiv subway, using it as a bomb shelter

Pensez-vous que tous ceux qui ont été à la tête des provinces, ou même des armées,
aient dû leurs honneurs et leur fortune à leurs seuls services ?
Il en est qui en sont redevables à mesdames leurs femmes.
Les dignités de la guerre ont été sollicitées par l'amour, et la place a été donnée au mari de la plus belle.

François Marie Arouet dit Voltaire, L'Ingénu

Irpin, Ukraine A woman reacts as she stands in front of a house burning after it was shelled in the city of Irpin Photograph Aris Messinis

« Souviens-toi l’été 1940 »

Ils ont vécu la seconde guerre mondiale en Europe.
Mais leurs enfants et petits-enfants étaient lassés de leurs récits.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie redonne une acuité à leurs souvenirs.

Avec le temps, leurs récits d’enfance pendant la guerre étaient presque devenus un sujet de plaisanterie en famille,
ne récoltant plus que des « mais oui, on sait, vous mangiez des topinambours… ».
Depuis, les légumes oubliés ont changé de statut et, avec les images de l’Ukraine, la mémoire des anciens se débloque. Des souvenirs enfouis ressortent. Et ils se confient aux plus jeunes, à ceux qui croyaient que la guerre était un truc de livre d’histoire et qui, désormais, les écoutent différemment. Ils racontent les récits de la route à pied de Paris à Poitiers pendant l’exode, les histoires de caves, de lampes à huile, de sirènes et de familles au sol, de passages de ligne de démarcation…

Kharkiv, UkraineThe aftermath of Russian shelling of buildings in downtown KharkivPhotograph Sergey Kozlov

[...] Comment ils parlent

« Ce sont des souvenirs d’enfance qui reviennent, des odeurs de bombes, de bruits autour de nous… »
« Avec ma mère et ma grand-mère, en catastrophe, on a pris une valise, des affaires et on est parties à Saint-Nazaire. »
« Ma mère m’avait mis une ficelle au poignet et au sien pour ne pas me perdre à la gare. »
« C’était la grosse bousculade, comme en Ukraine… »
« C’est des trucs idiots mais je me souviens que j’ai eu du mal à mettre la fermeture Eclair de ma robe quand il a fallu descendre à la cave... »
« J’étais en train de manger un fruit dans la cuisine pour la déclaration de guerre. Ma mère était assise à côté de la radio et elle pleurait. »
« Quand ma mère tremblait, je lui disais “t’as peur”, elle disait “non, non j’ai froid…”
je me disais quand même, au mois de juin… »

Mariupol, Ukraine A woman reacts as paramedics perform CPR on a girl who was injured during shelling, at the city hospital in Mariupol


« Quand c’était la Syrie, j’y pensais pas vraiment. »
« Ma vie a commencé avec la guerre, elle va se finir avec la guerre. »
« J’avais 8 ans et je m’en souviens encore… »
« Faut que j’aille à la banque. »
« On n’ira peut-être pas en vacances cet été à cause de la guerre. »
« Ça fait peur ce qui se passe… »
« Partir trop tard, on nous le refera pas deux fois. »
« Je ne comprends pas qu’à notre époque, un truc pareil puisse se reproduire. »
« Je m’en souviens comme si c’était hier… »
« À cette époque aussi, on se disait qu’on n’était pas concernés. »

Guillemette Faure, « Souviens-toi l’été 1940 »

Kyiv, UkraineNatali Sevriukova reacts near her home following a rocket attack in the city of Kyiv

La Guerre
On a jamais voulu la faire mais c'est quand même bien
de la voir en direct à la télé

©   Well, Une bombe dans la piscine
              Télé-Guerréalité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Souviens-toi de l’été dernier
tu disais il est est vraiment pourri de chez pourri
cette année ce putain d'été

©   Well, C'était ça ou un soleil de plomb
         Te rappela une petite voix

Susan Davis
 
Intrépide Molly

Molly était la plus intrépide.
En avril elle se balançait
au-dessus de la rivière sur une corde
attachée à une branche d’orme. Il y avait encore
de la glace le long de la berge et un jour
on retrouva son corps près du barrage
sa tête blessée : elle avait percuté la glace.
Un soir d’été elle me serra contre son maillot
de bain noir mouillé quand je lui apportai un milkshake.
L’incendie m’enflamma les veines et tout le corps.
Quand nous attrapions des grenouilles pour manger
leurs cuisses elle disait, « Nous sommes des animaux ».
Et sur la colline proche de la rivière, nous cueillions
des trilliums. Tous les garçons voulaient l’épouser.
Longtemps nous déposâmes sur sa tombe
les fleurs sauvages qu’elle aimait. Plus de soixante ans
après je vois clairement que personne ne se remet jamais
de rien, surtout pas de Molly au bord de la rivière,
oscillant à travers les airs —
                                             un oiseau.

1948-Vintage-Female-Nude-Woman-By-FRITZ-HENLE


Molly the Brave

Molly was the bravest
In April she would swing out
over the river on a rope
tied to an elm branch. There was still
ice along the bank and one day
her body was found down by the weir
with a bruised head, which meant she hit ice.
One summer evening she hugged me in her wet
black bathing suit after I brought her a milk shake.
My blood became hot and moved in all directions.
When we caught frogs to eat their legs
she said, ”We are animals.” And on the hill
by the river we illegally picked trillium.
All the boys wanted to marry her.
We kept putting the wildflowers she loved
on her grave. More than sixty years
later I see clearly that no one gets over anything
least of all Molly by the river,
swinging up through the air—
                                                 a bird.


Jim Harrison (1937-2016) – Dead Man’s Float




 

 

 

 

 

 

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