Il faut
« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire ».
« Il faut » indique ici un devoir, et la formulation du devoir n’a de sens que dans la mesure où la transgression est possible. On ne dirait pas, par exemple, « il faut obéir à la loi de la gravitation universelle », puisque nous serions bien en peine de lui désobéir. Mais l’impératif précise en premier lieu qu’on ne peut en parler : c’est donc que la transgression est impossible. La proposition est donc ou contradictoire, ou mal formulée. Pour la formuler correctement, il faudrait énoncer : « Ce dont on ne peut parler, on est contraint de le taire ». « Il faut » peut en effet marquer seulement la contrainte. Ainsi : « il faut bien se résigner au destin ». La formule signifierait donc : « Ce dont on ne peut parler, on est bien contraint de ne pas en parler ». Mais la signification est alors forclose par la circularité de l’énonciation. Elle n’est pas le dernier mot d’une sagesse, elle n’est qu’une tautologie sans intérêt.
Pour sauver malgré tout la formule du Tractatus, il est possible en premier lieu de l’interpréter de la façon suivante : « Il y a des pensées que je ne peux traduire en mots, dont je ne peux parler (mais je peux fort bien les concevoir). Ces pensées, je suis donc bien contraint de les garder pour moi, il me faut bien accepter de les taire (malgré mon désir – désir impossible – de les dire) ». Une telle interprétation, qui distingue entre la pensée et la langue, est évidemment contraire aux thèses du Tractatus. Elle suppose le secret d’une subjectivité transcendante à l’ordre du langage.
Jacques Darriulat, Note sur Wittgenstein
Il faut
Tu felles
Ils feulent
Vous frolez
Nous Folon
Elle Faux
Well, Phobien