Wabi-sabi
Soit les choses se détériorent jusqu’au non-être, soit elles se développent à partir du non-être.
À l’approche du crépuscule, dans l’arrière-pays, un voyageur cherche un abri pour la nuit.
Il avise les hauts joncs qui poussent tout autour de lui; il en réunit une brassée et les lie à leur sommet. Et voilà, un hutte d’herbe vivante !
Le matin suivant, avant de reprendre sa route, il dénoue les joncs; et voilà, la hutte, déconstruite, disparaît et redevient une part quasiment indiscernable de la prairie environnante.
Le caractère sauvage du lieu paraît être restauré, mais de menues traces de l’abri subsistent. Ici et là, une légère torsion ou inclinaison dans la tige d’un jonc. Il y a également le souvenir de la hutte dans la mémoire du voyageur (et dans celle du lecteur qui lit cette description). Le wabi-sabi, dans sa forme la plus pure, la plus idéale, s’intéresse précisément à ces traces fragiles, ces faibles preuves, aux frontières du non-être.
Léonard Koren, Wabi-sabi, à l’usage des artistes, designers, poètes & philosophes
Wabi-sabi
侘寂
Voie abyssale
qui choie le gris
que voit la vie
et son non-être
tel un oubli
temps sidéral
à en renaître
tout étourdi
Well, 侘寂
À l'imparfait du subjectif ©