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A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
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Qu'on m'enterre sans commentaires !
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
A Worst A Day : GalerÏe IconographÏk et LittéraÏre
  • La photographie est la littérature de l’œil. (Remy Donnadieu) Créer, c’est vivre deux fois. (Albert Camus) J'ai photographié la pluie et la journée est passée entre les gouttes. (Bata Radu) La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. (Charles Du Bos)
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Diaporama Awad Art
13 mars 2023

L’âge devrait apporter la sérénité, mais ce n’est pas le cas

 

 

L’écrivain japonais Kenzaburô Oé, Prix Nobel de littérature, est mort
Auteur engagé, grande figure de la littérature japonaise contemporaine, qui a reçu le prix Nobel en 1994,
Kenzaburô Oé est mort, le 3 mars, à l’âge de 88 ans.

Rarement un auteur fut plus viscéralement de son époque.
Par sa carrière littéraire et par les combats qu’il mena, Kenzaburô Oé fut une incarnation
de l’histoire intellectuelle du Japon de l’après-guerre, dans ses espoirs comme ses désillusions.
L’écrivain est mort « de vieillesse aux premières heures du 3 mars »,
a annoncé, lundi 13 mars, la maison d’édition Kodansha.

lost-ton-dirven

Le « démon des mots »

L’arrachement au village natal et la froideur hostile de la grande ville se conjuguèrent pour qu’il s’abandonne,
solitaire, au « démon des mots ». Et, en 1957, il publia, dans une revue universitaire, une courte nouvelle, Un curieux travail. Elle fut remarquée par un éditeur qui lui en commanda une autre.
Oé avait 22 ans.

Un an plus tard, Gibier d’élevage lui valut le célèbre prix Akutagawa.
Dans la foulée, il publiait Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants.
Deux œuvres frappantes « par leur virtuosité narrative, l’élégance stylistique et la profondeur poétique », écrit Philippe Forest (Oé Kenzaburô. Légendes d’un romancier japonais, Pleins Feux, 2001).
Ainsi, dans le paysage bucolique de son enfance, surgissent la mort et la barbarie, et il revient aux enfants du village d’enterrer les cadavres avant d’être décimés à leur tour. A travers cette fable sociale, qui est aussi une allégorie des tourments du Japon de l’après-guerre, les adultes apparaissent incapables de se dégager de la culpabilité du passé.

Jeune écrivain, sollicité par les revues, Oé devint alors un des porte-parole du « mal de vivre »
d’une génération aussi exaltée que désabusée.
« Enfant terrible des lettres japonaises » de l’époque, comme le qualifie Philippe Forest,
Oé s’adonna alors à une littérature de provocation, frôlant la pornographie et inspirée de Henry Miller ou de Norman Mailer.
Son roman Warera no jidai (Notre époque, 1959) sera le plus accompli des textes de cette période :
le sexe reflète ici le malaise d’une société trahissant les valeurs sur lesquelles elle s’était reconstruite.
« Chez Oé, le sexe ne libère pas.
Il réveille l’homme à la violence vraie d’un destin auquel l’histoire assoupie lui interdit ordinairement d’avoir accès », estime Philippe Forest.

La part de nihilisme héritée des écrivains de l’immédiat après-guerre (« l’école des voyeux »),
comme Osamu Dazai (1909-1948), se conjuguait chez Oé à une fascination pour l’existentialisme –
son mémoire de fin d’études portait sur Jean-Paul Sartre.
L’engagement comme réponse à l’absurde, ou à son dépassement, fut l’un des fils conducteurs de sa trajectoire intellectuelle.

Philippe Pons, L’écrivain japonais Kenzaburô Oé Prix Nobel de littérature est mort
Publié le 13 mars 2023

Dirven Ton, Netherlands 2

« Sans doute, tu ne t’es pas rebellé contre l’Empereur des vivants ;
mais tu ne t’en es pas tiré que par le suicide.
N’y a-t-il pas là tout de même de l’insoumission ? […]
Et maintenant il attend de mourir d’un cancer : le jour, l’heure de sa mort, il ne pense plus qu’à cela ;
il va même jusqu’à chanter une chanson gaie.
Mais savez-vous pourquoi ?
C’est parce qu’il va pouvoir enfin s’évader, sans aucune responsabilité personnelle, cette fois ! »

Kenzaburo Oé, Dites-nous comment survivre à notre folie

liesbeth-ton-dirven

Je n’ai pas besoin d’espoir.
Je tâche de mener une vie régulière et d’étudier comme il faut.
Mes journées sont bien remplies.
Je ne suis pas paresseux ;
à force d’étudier correctement pour la fac, je n’ai plus de temps à tuer.
Tous les jours, je manque de sommeil et je reste vaseux, mais j’étudie comme il faut.
Voilà, ma vie n’a pas besoin d’espérance.
À part mon enfance, je n’ai jamais vécu avec l’espérance et je n’en ai jamais eu besoin.

Kenzaburo Oé, Le Faste des morts

hkjhjhu,jhg

- Je ne voulais pas faire la guerre, moi, dit soudain le soldat, d'un air grave.
Je ne voulais tuer personne.
Cette fois-ci il s'installa un silence encore plus long, avec un sentiment général de malaise.
Nous avons dû réprimer un fin sourire insaisissable, comme si on nous avait chatouillés à la taille, aux fesses.
- Moi, je veux faire la guerre et je veux tuer, déclara Minami.
- À votre âge, on ne comprend rien à ces choses. Et soudain tout devient clair.
Nous avons gardé un silence perplexe.
On ne pouvait pas dire que c'était un sujet très drôle.
C'est alors que le chien qui dormait entre les genoux de mon frère se leva lentement et alla flairer les genoux minces du soldat.
L'homme lui caressa avec hésitation la tête.

 Kenzaburo Oé, Arrachez les bourgeons tirez sur les enfants

bright-side-of-live-ton-dirven

Nous étions, mon frère et moi, deux menues graines prisonnières d'une enveloppe dure
et d'une pulpe épaisse, deux graines vertes enchâssées dans une fine pellicule qui
, à peine chatouillée par la lumière du dehors,
frissonnerait et finirait par se détacher.

Kenzaburo Oé, Gibier d'élevage

Dirven Ton, Netherlands 4

Entretien :
Le Japonais, Prix Nobel de littérature, est invité aux Assises nternationales du roman à Lyon.
Publié le 21 mai 2015

Depuis plusieurs années, vous annoncez votre adieu à littérature.
Mais vous ne vous êtes jamais vraiment résolu à cet adieu… Pourquoi ?

Après Suishi, qui est un portrait de mon père, j’ai publié en 2013 un autre livre,
In Late Style (Dans un Style tardif, Actes Sud). Le titre en anglais reprend celui du livre posthume d’Edward Saïd (On Late Style) qui m’a profondément marqué. Ecrivain, essayiste et critique palestino-américain, Edward Saïd était mon ami.
Nous avions le même âge. Nous communiquions par lettres et je suis allé le voir plusieurs fois lorsqu’il était malade. Nous parlions de cette période de la vie qui était désormais la nôtre :
cette catastrophe personnelle de la mort qui s’approche.

L’âge devrait apporter la sérénité, mais ce n’est pas le cas :
les œuvres tardives sont marquées par l’intranquillité.
Et c’est précisément à ce moment de ma réflexion sur la fin de ma vie que s’est produit l’accident à la centrale de Fukushima (mars 2011) :
les deux catastrophes personnelle et collective se confondaient.

Comment définissez-vous votre propre « late style » ?

Consciemment ou non, tout écrivain a un style tardif, fruit de l’obscur sentiment que c’est son dernier message.
Pour ma part, il est fait de réflexions éparses et d’impressions.
In Late Style n’est ni un roman au sens classique ni un journal qui me semble superflu :
je brûlerai ce qui restera du mien avant de mourir.

Kenzaburô Oe : « L’âge n’apporte pas la sérénité »
Propos recueillis par Philippe Pons(Tokyo, correspondant) Publié le 21 mai 2015

Dirven Ton, Netherlands 1

La bombe aveuglante
A ma fille de vingt ans
A ôté la vue
Mais le jour où je mourrai
Je lui donnerai mes yeux

J'ai dit qu'à ma mort
Je lui donnerai mes yeux
On m'a répondu
Les yeux d'une atomisée
Que voulez-vous qu'on en fasse


Kenzaburo Oé, Notes de Hiroshima

grief-ton-dirven

La Vieillerie
n'est pas vraiment que de
la Sagerie

©   Well, Tiroir du haut
         (é)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iconographie : Ton Dirven

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
W
Du cœur de la pivoine<br /> <br /> L’abeille sort -<br /> <br /> Avec quel regret !<br /> <br /> <br /> <br /> Bashô Matsuo
Répondre
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