Paix à leurs armes
Les hommes n'ont aucune importance.
Les trusts d'armement et les gouvernements ne travaillent pas
en fonction des valeurs et des idéaux des hommes, mais en fonction des impératifs économiques.
Les processus sont automatisés.
Tu veux investir dans mon pays ?
Bien, je veux tes blindés !
Tu veux notre pétrole ? Notre gaz ? Notre énergie solaire ?
Bien, je veux tes fusils d'assaut !
Oliver Bottini, Paix à leurs armes
Petite fille merveilleuse,
Petite âme lumineuse,
Un sourire éclatant
Dans un visage tout rond,
Un regard transparent
Sous un front blond :
Portrait d'une petite souris
Malicieuse et jolie !
Mais un jour la toile
De désespoir se voile,
Et lorsque les petites filles
Insouciantes et gentilles,
Toutes parées d'innocence
Courent dans les champs,
Elle passe vêtue de souffrance,
En cachant son tourment
Tout au fond de son coeur,
Parce qu'elle a peur...
Véronique Audelon, Petite fille
les nuits où tu te bats le mieux
sont
celles où toutes les armes sont pointées
vers toi,
où toutes les voix
hurlent leurs insultes
tandis que le rêve
se fait étrangler.
les nuits où tu te bats le mieux
sont
celles où la raison se prend
un coup de pied dans les
tripes,
quand les chariots de
l’obscurité
t’encerclent.
Charles Bukowski, Malgré tout
La mort est assise au pied de mon lit.
Cette mort obstinée s’est échauffée à mon contact
et voudrait me laisser sans suc comme une figue sèche.
J’essaie de la chasser avec une énorme branche.
À présent elle dit qu’elle veut se coucher près de moi
juste pour dormir, que je ne m’inquiète pas.
Par égard je me tais car je connais sa mauvaise réputation.
La mort est assise au pied de mon lit.
Óscar Hahn, La mort est assise au pied de mon lit
Ah! Laissez-moi crier, crier, crier …
Crier à m’arracher la gorge !
Crier comme une bête qu’on égorge,
Comme le fer martyrisé dans une forge,
Comme l’arbre mordu par les dents de la scie,
Comme un carreau sous le ciseau du vitrier…
Grincer, hurler, râler ! Peu me soucie
Que les gens s’en effarent. J’ai besoin
De crier jusqu’au bout de ce qu’on peut crier.
Sabine Sicaud,, Ah ! Laissez-moi crier
Les assassins ont
des enfants qui ont besoin de se promener
des amantes qui les attendent
des rendez-vous avec leurs amis
des jardins qui requièrent davantage de soins
des rêves ignorant tout de la fatigue des pieds
ils sont très occupés
c’est pourquoi nous devons mourir facilement
mourir en évitant de les retarder
Ali Thareb, Les assassins ont des enfants…
Perdre son Enfant
c'est devenir plus mort que la mort tout en demeurant
à grand-peine un peu vivant
© Well, L'irréparable
En quelles circonstances rêves-tu des morts ?
Penses-tu souvent à eux avant de t’endormir ?
Qui t’apparaît le premier ?
Est-ce toujours le même ?
Nom ? Prénom ? Cimetière ? Date de la mort ?
À quoi en appellent-ils ?
À l’amitié lointaine ? La parenté ? La patrie ?
Est-ce qu’ils disent d’où ils viennent ?
Qui se cache derrière eux ?
À qui d’autre que toi apparaissent-ils en rêve ?
Wislawa Szymborska, Complicités avec les morts
La folie de ne pas être fou,
de repousser le bras tendu
les zones intérieures
où guette le marécage,
fait parfois fouler
les pieds abandonnés.
Ne pas être fou
à certains moments,
ressemble trop à la folie.
Excessive, insupportable intensité,
se défendant à la fois des tignasses flottantes
et des cheveux intolérablement lisses.
Il est nécessaire, de temps en temps,
de se reposer de ne pas être fou.
Roberto Juarroz, La folie de ne pas être fou
Le chat sous la fenêtre
soulève sa petite patte
pour pouvoir sortir
et ses yeux grands ouverts
qui cherchent des regards
pour qu’il puisse l’ouvrir
Le chat sous la fenêtre
observe les oiseaux,
et d’un coup sec
s’envole dans le ciel
pour attraper le papillon
qui a pu s’échapper
La chat sous la fenêtre
d’un coup a disparu
Elodie Santos, Le chat sous la fenêtre