Contus

A une certaine hauteur, le marbre est brillant et poli ; c'est la place où la gorge atteint ; ce qui prouve que depuis cent ans, il y a bien, eu ici et dans nos environs de jeunes filles trompées dans leurs amours. Quelle mortelle privilégiée ne l'est pas dans le sien ? Quel homme est assez bien pensant pour tenir compte à sa maîtresse de ce qu'elle fait pour lui ? Si tu me tourmentes trop cruellement , je saurai trouver la croix du tombeau, je me l'appliquerai de telle sorte, que j'oublierai non-seulement mon amour, mais jusqu'au nom de mon amant. 

Assez près de la colonne, est une vieille pierre sépulcrale, offrant deux colombes sur les bords d'un vase, avec cette inscription en caractères barbares : Potus sanguinis Christi. C'est le vase du saint viatique, a dit monseigneur ; on en connaît de semblables dans les catacombes romaines. Ils prouvent qu'on regardait le sang eucharistique comme nécessaire au salut des morts. Sous cette pierre reposent deux fidèles qui burent ensemble le vin de la communion et du voyage. 

Minette. Et que signifient, monseigneur, ces vieilles colombes sur des perches, telles qu'on en voit dans la sacristie de monsieur le curé?— On nomme ces perches des contus. Elles auront également figuré dans le cimetière ou dans les champs voisins. Lorsque les Lombards subjuguèrent l'Italie, ces peuples la couvrirent de leurs contus énormes qui supportaient la colombe funéraire. La colombe était tournée vers le lieu où la personne avait reçu la mort. Cette coutume passa les Alpes, et s'étendit jusqu'aux bords de la Seine. On mit sur les dépouilles des braves de hautes lances surmontées par un de ces oiseaux, dont quelques-uns étaient d'or. On en conservait de ce genre dans l'abbaye de Saint-Denis. La plaine qui environne ce monastère, témoin de tant de batailles, offrait partout des tombeaux colombaires (columbaria) , que le temps et les guerres ont détruits. Ainsi la colombe était regardée par nos ancêtres comme l'hiéroglyphe de la mort, autrement de la quiétude. 

J'ai remercié monseigneur, et j'aime l'homme qui me déchiffre des antiquailles à la première vue, tandis que mille autres regardent avec des yeux stupides , avec une curiosité bête , et tout en disant : Je voudrais bien qu'on put me raconter à quoi cela servait. Maintenant j'ai bonne envie qu'on vienne me le demander. « Les sages cachent leur science » ; mais moi qui n'entends pas être sage, je n'ai pas appris pour rien , et je ferai joliment la savante. 

L'Amour et l'Érudition ou Folies du cœur et de l'Esprit (Lettres originales)

De Madame la Comtesse veuve de *** à M. Léonide De *** (Officier de Dragons) 

Ton cœur est conteur

mais son cul est contus

Well, Conte à rebourre ©