Territoire
Mais qui dit que notre temps est fini ?
Qui dit que le fabricant de cercueils et le fossoyeur se concertent
Pendant que des curés éventent leurs habits ?
Le choeur et les tambours répètent
Non ; là où le ver mange
Une graine pousse et croît
Les Dieux conseillers
Ont mesuré le temps avec des arguties d'éternité
Longues et sinueuses
Et la mort quand elle frappe à la porte
Elle est munie d'une carte de visite inimitable
Elle trouve un foyer ressuscité
Grâce au rire et à la danse
Grâce à la fête de la chair de l'agneau
Et la bouillie rouge du blé nouveau
Nous sommes ceux dont les champs ont été envahis
Par de mauvaises personnes, des voyous
Ceux qui ont interrompu notre danse
Avec des chansons obscènes
Et des gestes déplacés
Quelqu'un a dit : un poisson malade a nagé jusqu'à notre lagune
Cherchant un territoire où déposer son fardeau
En accord avec le Plan Originel.
Maître, peux-tu conduire notre bateau ?
Fais-le s'il te plaît
Je te l'ai demandé il y a longtemps
À la maison
Là où le front de mer s'est rétréci au point de n'être
Que l'espace étroit de l'enfance
Nous disons bienvenue aux voyageurs
Rentrez à la maison
Sur le nouveau bateau fait avec le bois fraîchement coupé
De l'arbre qui reste debout.
Kofi Awoonor - Promesse d'espoir
Poète ghanéen assassiné à Nairobi le 21 septembre 2013
Traduit de l'anglais par Christiane Kayser et Tahar Ben Jellounaaa
"Il ne tut pas
qu'il tuerait
pour sa terre
Qu'il tuerait
pour son mas
sa villa
son manoir
son haras
Qu'il tuerait
pour son putain
de territoire
- Tu tuerais, toi, pour ton toit ?
- Et à bout portant
dans le dos
et plutôt
plusieurs fois
Parce que pas toi ?
Aussi un soir
vint la Mort
déesse expiatoire
qui s'en amusa :
Tu ferais bien de me tuer
car tout ce qui est à toi
est désormais à moi
Il saisit son fusil
puis visa la Mort
Et la Mort
dans sa noirceur infinie
lui sourit
Alors...
il se tira."
Well, Terreurs au terroir