Pardon
Roland Giraud : « Je ne veux pas faire le deuil »
Dans une autobiographie émouvante, Roland Giraud évoque son enfance, son père autoritaire… Et l'assassinat de sa fille.
Le 9 décembre 2004, on retrouve le corps de votre fille, vous montez sur scène le soir même. Comment avez-vous fait?
Je ne sais pas comment j'ai fait, mais je l'ai fait. J'étais aidé. Par ma fille, qui n'aurait pas aimé que je sois effondré et que je gâche la soirée des gens qui avaient payé pour me voir. Mes camarades ne voulaient pas jouer. Mais si je meurs accidentellement et que ma femme doit monter sur scène, je lui enverrais des ondes pour qu'elle le fasse. Jean-Paul Belmondo, dont la fille a péri dans un incendie (NDLR : Patricia, en 1994), a joué « Tailleur pour dames » le soir même. Il m'a dit : « Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais jamais pu remonter sur scène. »
Votre femme a pardonné à Jean-Pierre Treiber, le meurtrier présumé de Géraldine et de Katia Lherbier. Pas vous…
C'est difficile, mais je sais qu'elle a raison. Elle estime que le vrai jugement viendra d'en haut. Le jugement des hommes n'existe pas : ils n'ont pas été foutus d'empêcher Treiber de s'évader puis de se suicider dans sa cellule (en 2010). Elle dit : « Il paiera très cher ce qu'il a fait, mais ce n'est pas à moi de juger. »
Vous écrivez : « Je ne suis pas en deuil, car la mort n'a pas le dernier mot »…
Je déteste cette expression : « faire son deuil ». Pour moi, ça veut dire oublier, passer l'éponge. Mais non, on ne peut pas faire le deuil d'un événement aussi dramatique. On vit avec. Ma fille, j'y pense à chaque minute de ma vie. Elle est invisible, mais pas absente.
Elle est avec moi.
Le Parisien (Publié le 06.04.2013)
"Donne,
pars,
et pardonne... !"
Well, Les cieux injectés de chants (32 mois)